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Le prix Acfas Léo-Pariseau 2016 : Gustavo Turecki
Sciences biologiques et sciences de la santé

Gustavo Turecki

Université McGill

Le prix Acfas Léo-Pariseau 2016, en sciences biologiques et sciences de la santé, est remis à Gustavo Turecki, directeur du Département de psychiatrie de l’Université McGill.

Dans la plupart des pays développés, le suicide figure parmi les dix premières causes de mortalité chez les individus, tous âges confondus, et il est la première cause de décès chez les hommes de moins de 40 ans. Le Québec est particulièrement touché avec des taux parmi les plus élevés. Les initiatives de recherches en santé sur le suicide étaient peu nombreuses au Canada avant que les travaux de neurobiologie du lauréat ne contribuent à changer cette réalité. Par ses approches audacieuses, il a amélioré notre compréhension des facteurs qui prédisposent aux actes suicidaires, tout en développant la capacité de recherche québécoise et en ouvrant un dialogue avec les décideurs de santé publique.

Durant ses recherches doctorales, l’enthousiasme de Gustavo Turecki à rallier recherche génétique et psychiatrie impressionnait déjà ses superviseurs. Au fil de ses travaux sur les syndromes bipolaires et suicidaires, il explora les contributions des gènes et des processus épigénétiques (l’influence de l’environnement sur l’expression des gènes) aux troubles de ses patients. Dans l’une de ses études phares, publiée en 2009 dans le journal Nature Neuroscience, il rapporte des effets durables dans les cerveaux d’individus exposés à la maltraitance pendant l’enfance. Ce travail permettra de confirmer chez l’humain des observations faites chez les rats. Il a ainsi démontré que des modifications épigénétiques pouvaient se produire dans les gènes responsables de la réponse au stress par les glucocorticoïdes (des hormones stéroïdiennes, tels la cortisone ou le cortisol, dont les formulations de synthèse sont souvent prescrites pour leurs effets anti-inflammatoires). Ces résultats ont eu un impact scientifique important, et ils ont fait l’objet de plusieurs commentaires dans des journaux scientifiques (Science, Cell, etc.), tout comme dans les médias généralistes nationaux et internationaux. Cette médiatisation a généré beaucoup d’intérêt et une reconnaissance accrue des influences de l’environnement sur l’expression génétique.

Une contribution originale du chercheur à la psychiatrie tient en sa capacité à effectuer de la recherche translationnelle en psychiatrie, c’est-à-dire à traduire ces connaissances nouvelles au bénéfice des patients et, en retour, de s’inspirer du contact clinique avec ceux-ci pour alimenter et orienter son activité de recherche. Ce contact direct lui a donné une perspective unique sur les bénéfices potentiels de la recherche fondamentale et lui a permis de créer un pont, désormais très fréquenté, entre la neuroscience fondamentale et le travail clinique. La mobilisation des connaissances n’est rien de moins qu’au cœur de son travail.

Le lauréat est un chercheur de premier plan dont le rayonnement international est manifeste. Il a publié plusieurs articles dans des revues prestigieuses telles que The Lancet et Nature Reviews Neuroscience, Molecular Psychiatry, American Journal of Psychiatry, Archives of General Psychiatry et Biological Psychiatry. De plus, il est régulièrement invité à présenter ses travaux dans des conférences internationales, et a été honoré de plusieurs prix nationaux et internationaux. Ce bilan fort éloquent traduit l’impact de sa contribution et témoigne de l’estime et du respect de ses collègues.

Ses activités médiatiques et ses échanges nourris avec ses pairs ont le mérite de permettre une discussion ouverte autour du suicide et de l’enjeu qu’il représente pour une collectivité. Elles encouragent une large sensibilisation ce problème trop souvent tabou, et elles constituent de ce fait un premier pas vers le renversement des chiffres.