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Marc-André Sirard - Prix Acfas - 2014
Sciences biologiques et sciences de la santé

Marc-André Sirard

Université Laval

On ne peut que saluer l’abondante fertilité des travaux de ce grand spécialiste de la reproduction animale. La fécondation de l’ovule et le développement des embryons sont au cœur de cette spécialité. Ce chercheur a mis au point, entre autres, une méthode in vitro de culture des ovules de bovins qui aujourd’hui est utilisé à travers le monde. Cette méthode a ouvert la porte à presque toutes les technologies modernes de reproduction assistée et de manipulation des embryons chez les animaux d’élevage. Oscillant constamment entre recherche fondamentale et recherche appliquée, ses travaux ont aussi généré d’importantes retombées du côté de la fécondation humaine.

Dès ses études graduées, Marc-André Sirard développe une méthode semi-invasive de récupération des ovules de vaches : la laparoscopie. Grâce à cette approche, il « féconde » in vitro sans stériliser l’animal. Des lapines sont ensuite « empruntées » comme incubateurs temporaires (sept jours), puis finalement les embryons sont transférés dans des femelles bovines pour une durée de neuf mois. Il obtiendra ainsi neuf veaux « éprouvettes », une première mondiale, réalisée à Québec en 1985. Sa carrière est lancée.

Dans le cadre d’un postdoctorat en reproduction à l’Université du Wisconsin, il développe un système de culture pour la production d’embryons de bovins à partir d’ovocytes immatures récupérés à l’abattoir. Il obtenait ainsi cent ovaires par jour dans un petit abattoir et en retirait 800 ovules pour les féconder après 24 heures de maturation, générant des centaines d’embryons pour la recherche. Partant des lapines et des brebis comme incubateur, ses travaux le mèneront plutôt à un système de culture in vitro qui permet de garder les embryons en vie pendant sept jours, moment où il est possible de les remettre dans une receveuse par un transfert non chirurgical. Aujourd’hui, des centaines de laboratoires à travers le monde utilisent ce système de culture développé par le Dr Sirard. Et c’est au Québec que les taux de succès sont les meilleurs, et ce, grâce à la compagnie Boviteq dont le directeur de la recherche a obtenu son PhD avec le lauréat.

De retour à Québec en 1987, il débute sa carrière de professeur-chercheur à l’Université Laval, où il poursuivra ses travaux sur le système de fécondation in vitro et explorera de nouvelles approches en biotechnologie animale.

En 1995, Marc-André Sirard fonde le Centre de recherche en biologie de la reproduction (CRBR), qui deviendra le plus important œuvrant dans ce domaine au Canada. Plus de cent personnes y travaillent aujourd’hui.

Puis, en 2001, il obtient, la première chaire en reproduction au Canada. Initié au génie génétique par la transgénèse, soit l’introduction de gènes dans un organisme vivant, il réalise que pour comprendre ce qui se passe dans l’ovule, il faut un outil puissant comme l’amplification des gènes. Alors qu’il faut 5000 ovules pour une analyse très sommaire des protéines de l’ovule, 5 ovules suffisent pour interroger 25 000 gènes pouvant s’exprimer dans cette cellule. Il devient alors possible de comprendre comment fonctionne cette cellule unique qui peut à elle seule « créer » un adulte à partir d’une cellule de peau.

Entre 2008 et 2013, le chercheur dirige le réseau stratégique du CRSNG EmbryoGENE (Embryon- Environnement-Nutrition et Épigénétique) qui réunit universités et entreprises. Ce réseau développe, entre autres, la biopuce la plus complète au monde pour l’étude de l’expression des gènes de l’ovule ou de l’embryon. Sous sa direction, le réseau lance une puce épigénétique permettant de cibler 440 000 sections de l’ADN pour y déceler des changements associés à l’effet de l’environnement maternel.

Après plus de 25 ans de carrière, la contribution scientifique du Dr Sirard se mesure tant au plan quantitatif que qualitatif. Et au-delà de ses talents de scientifique et d’entrepreneur, le lauréat a toujours eu le souci de former une relève. Ses nombreux étudiants gradués et stagiaires postdoctoraux l’ont donc accompagné au fil de ses différents exploits.