Alain Fournier
Ce chimiste et pharmacologue de formation est reconnu au niveau international pour sa contribution majeure au domaine des peptides, ces « protéines miniatures » indispensables pour de multiples fonctions du corps humain. En particulier, cette reconnaissance s’est exprimée par la création en 2006 du Laboratoire international associé Samuel de Champlain qui a consolidé une coopération de longue date entre son laboratoire et celui du professeur Hubert Vaudry, en France. L’association encore plus étroite qui en a résulté fut à ce point féconde qu’elle a donné lieu à la publication d’une bonne centaine d’articles dans des périodiques internationaux de haut niveau.
Alain Fournier a développé très tôt des relations avec les chercheurs français. Notamment, il collabore depuis plus de 20 ans avec les Drs Alain Couvineau et Marc Laburthe du Centre de recherche biomédicale Bichat-Beaujon de Paris, et avec le professeur Hubert Vaudry, directeur du Laboratoire de neuroendocrinologie cellulaire et moléculaire de l'Université de Rouen. Il fait aussi équipe avec le Dr David Vaudry, également chercheur à l’Université de Rouen. Au fil des ans, ces scientifiques ont exploré conjointement diverses facettes des propriétés biologiques de peptides régulateurs tels le peptide vasoactif intestinal (VIP), l’urotensine II (UII), le pituitary adenylate cyclase-activating polypeptide (PACAP) et l'endothéline (ET). Ces dernières années, ils ont concerté leurs efforts dans l’évaluation des propriétés neuroprotectrices du PACAP, particulièrement pour le traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC) et du Parkinson, de même que pour la prévention des retards mentaux associés, par exemple, au syndrome d’alcoolisme fœtal.
Originaire de l’Estrie, le professeur Fournier a successivement obtenu de l'Université de Sherbrooke, un baccalauréat en chimie-biochimie (1977), une maîtrise en pharmacologie (1979) et un doctorat en chimie bio-organique (1984). Puis, afin de mieux connaître la biochimie des récepteurs présents à la surface des cellules, il a passé deux années à l'Université de Calgary à titre de stagiaire postdoctoral boursier du Conseil de recherches médicales du Canada (CRM). C’est au cours de ce séjour qu’il a démontré que le chromosome 21, chez l’humain, code pour le récepteur de l'interféron-a/ß et non pour celui de l'interféron-γ. Dès lors, cette correction amenait un éclairage nouveau sur la genèse des récepteurs protéiques des interférons, molécules jouant un rôle clé dans la défense de l’organisme et l’inhibition du développement de cellules cancéreuses. Ensuite, toujours comme stagiaire postdoctoral du CRM, il est allé parfaire sa formation en chimie fine et pharmacologie au centre de recherche de Roche aux États-Unis (Nutley, NJ). C’est fort d’une expertise pluridisciplinaire qu’il est revenu au Québec, où il a été recruté comme professeur à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Ce parcours caractérisé par la pluralité des compétences démontre, comme souligné par ses collègues, qu’il possède la qualité d’être un libre penseur toujours ouvert aux domaines scientifiques débordant le sien.
Avec ses principaux collaborateurs français (Hubert Vaudry, David Vaudry, Alain Couvineau, Marc Laburthe), il a étudié, comme souligné précédemment, la relation « de structure à fonction » de peptides régulateurs tels le VIP, un vasodilatateur, l’urotensine II, le plus puissant vasoconstricteur décrit à ce jour et le neuropeptide-tyrosine (NPY), un autre vasoconstricteur aussi identifié comme le peptide le plus abondant dans le cerveau, où il joue entre autres un rôle majeur dans le contrôle de l’appétit. Au fil des ans, il a donc conçu plusieurs centaines d’analogues et fragments synthétiques de peptides, utiles pour comprendre les mécanismes physiologiques et pathophysiologiques en lien notamment avec le contrôle de la pression sanguine. Ses travaux auront tout particulièrement mis en lumière des caractéristiques structurales clés des peptides mais aussi des récepteurs protéiques qui leur sont associés. Ces informations sont indispensables dans le processus conduisant au développement de nouveaux outils diagnostiques ou thérapeutiques basés sur ces molécules.
Alain Fournier entretient aussi d’autres collaborations internationales au sein de la francophonie. Par exemple, nous pouvons souligner son implication avec le Vietnam dans le cadre d’un projet, financé initialement par l’Agence universitaire pour la francophonie (AUF), dont l’objectif est la caractérisation de peptides à potentiel thérapeutique, isolés du venin de scorpion et de cobra. Aussi, ses enseignements à l’Académie des sciences et des technologies du Vietnam (ASTV), dans le cadre d’un partenariat ASTV – INRS en formation doctorale, témoignent de son engagement face à la recherche et la formation internationales.