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Shawn Mcguirk, Université McGill

Shawn McGuirk, Université McGill
Président, Dialogue Sciences & Politiques / Science & Policy Exchange
Tribune
15 décembre 2017

Il se déroule actuellement un important débat dans les médias ou à l’intérieur de publications et rapports universitaires concernant la formation des étudiants en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM), en particulier ceux qui possèdent des diplômes d’études supérieures. Certains font valoir que les compétences STIM joueront un rôle crucial dans la poursuite de l’innovation et de la productivité au Canada et que, par conséquent, nous devons former davantage  d’étudiants dans ces domaines. D’autres soutiennent que les difficultés rencontrées par les diplômés à leur arrivée sur le marché de l’emploi suggèrent qu’il puisse y avoir au contraire un surplus d’étudiants. Or, dans ce débat, la voix des étudiants en cours de réalisation d’un mémoire ou d’un thèse en STIM ne s’est pas fait, ou très peu,entendre. Ils possèdent pourtant à la fois une expérience de première main dans la mise en œuvre des programmes et une vue prospective de l’adéquation entre cette formation et la préparation à une carrière hors de l’université.

Reconnaissant l’inquiétude croissante parmi les diplômés des programmes scientifiques STIM, l’organisme étudiant à but non lucratif Dialogue Sciences et Politiques (DSP, ou SPE pour Science & Policy Exchange en anglais) a organisé une consultation sur l’éducation STIM le 28 novembre 2015.

Les 26 étudiants participants de cette consultation ont été sélectionnés sur la base de leur capacité à bien communiquer dans un tel groupe de réflexion. À la suite d’une introduction par le Dr Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec, et le discours d’ouverture de Sir Peter Gluckman, conseiller scientifique principal auprès du premier ministre néo-zélandais, les étudiants ont été répartis en cinq groupes en fonction de leur expertise et de leurs champs d’intérêt. L’objectif était de concevoir des lignes directrices pour guider les actions du  gouvernement, des grandes entreprises, des petites et moyennes entreprises. Des experts représentant chacun de ces secteurs étaient présents pour orienter ou alimenter la conversation et répondre aux questions des étudiants. De nouveaux groupes de pollinisation croisée ont ensuite été formés pour intégrer ces stratégies et développer des recommandations claires.

Shawn McGuirck
Consultation sur l’éducation STIM, 28 novembre 2015. Source : Shawn McGuirk

Ces discussions sont à la base d’un rapport qui a été récemment publié (en anglais) sur notre site web et qui a été communiqué à de nombreux réseaux d’éducation et de politique. Intitulé Perspective étudiante sur l’enseignement des STIM au Canada : Recommandations d’un groupe de travail mené par des experts, ce rapport plaide pour une ouverture à la diversification des carrières afin d’assurer la réussite des étudiants hors du milieu universitaire. Les étudiants doivent également apprendre à mieux promouvoir leurs compétences et leur parcours. Ce « manque de compétences » a été relevé, lors de la présentation du rapport le 8 novembre 2016 à la Conférence sur la politique scientifique canadienne (CPSC) à Ottawa, comme constituant une question prioritaire qui doit être examinée dans la politique scientifique canadienne.

Paul Dufour, professeur de politique scientifique à l’Université d’Ottawa et directeur de DSP ayant également participé au groupe de travail, a d’ailleurs qualifié ce rapport comme étant « unique en son genre » par ses propositions « de stratégies et de solutions clés identifiées par les étudiants des cycles supérieurs sur la façon d’améliorer la politique d’éducation STIM à travers l’écosystème des talents et des compétences au Canada, en faisant tomber les obstacles identifiés. L’adoption de ces recommandations aidera, souligne-t-il, à améliorer notre culture scientifique pour les générations présentes et futures. »

Le rapport soulève de nombreuses questions, qui ont été classées en quatre catégories : les programmes d’études et leur structure, le développement des compétences essentielles, l’exposition aux carrières ainsi que les métriques et l’évaluation. Les conclusions, en bref, sont les suivantes :

  • Les cours en STIM sont trop dépendants de la mémorisation des faits et ne font pas assez la promotion du développement des compétences nécessaires pour appliquer ces connaissances aux problèmes plus divers;
  • Les étudiants sont souvent inconscients des options de carrière offertes aux diplômés ainsi que des compétences et de l’expérience nécessaires pour amorcer ces carrières;
  • Les étudiants n’ont pas développé les compétences essentielles attendues par les employeurs, y compris la communication, l’autonomie et la capacité à prendre des risques;
  • Les étudiants souffrent d’un manque d’informations fiables permettant d’évaluer les écoles, les programmes et les professeurs; ceci limite leur capacité à effectuer des choix éclairés en lien avec leur cheminement de carrière.

À l’aide des experts, les étudiants ont identifié des solutions à ces défis qui pourraient être mises en œuvre par les universités et les gouvernements, à court et à long terme. Ce sont les suivantes :

  • Réduire la taille des classes pour améliorer l’engagement des élèves;
  • Développer des cours interdisciplinaires de façon à exposer les étudiants à diverses perspectives pour la résolution de problèmes;
  • Augmenter la formation directe portant sur les compétences essentielles que les employeurs attendent des étudiants en STIM;
  • Favoriser une prise de conscience précoce des carrières en STIM et encourager les étudiants à être proactifs dans la construction d’un plan de carrière;
  • Développer les compétences pratiques et les réseaux professionnels des étudiants au moyen des coopératives et des programmes de stages;
  • Récompenser les étudiants ayant des compétences variées en améliorant les critères de financement de bourses d’études de premier, deuxième et troisième cycle;
  • Mettre en place un système centralisé et transparent pour suivre le progrès des étudiants, ce qui établirait une métrique pour des décisions informées dans les politiques éducatives futures;
  • Augmenter le soutien pédagogique pour les professeurs afin qu’ils se concentrent davantage sur leurs responsabilités en matière de recherche et de mentorat.

Notre rapport présente ces recommandations, mais aussi des stratégies pour leur application et des exemples de programmes remarquables qui ont été développés au cours des dernières années. Nous sommes actuellement en discussion avec plusieurs groupes au Québec et à Ottawa pour maximiser l’impact de cette consultation et mettre en œuvre les recommandations. Celles-ci s’alignent largement avec celles des récents rapports du Council of Canadian Academies (CCA), du Conference Board of Canada (CBOC), du Higher Education Quality Control of Ontario (HEQCO) et du Comité intersectoriel étudiant (CIÉ) des Fonds de recherche du Québec (FRQ).

En palliant ces lacunes, les universités pourraient améliorer la qualité, la compétitivité et les connaissances de leurs diplômés en STIM et mieux les préparer à entrer dans le milieu du travail. Dans l’ensemble, nous avons constaté que les étudiants sont heureux de participer à l’élaboration des politiques qui façonneront l’éducation des générations futures d’étudiants en STIM. Malheureusement, leur point de vue et leur expérience sont rarement considérés, même lorsque les résultats de ces débats les touchent directement. Nous postulons que le corps étudiant doit être considéré comme un acteur majeur dans les politiques d’éducation, et nous recommandons que ce groupe soit inclus dans les discussions futures liées au développement de politiques et de réformes.

  • La mission de DSP est de promouvoir le dialogue entre les universitaires, les décideurs politiques et le grand public pour inspirer des politiques fondées sur des données probantes.
  • Dialogue Sciences & Politiques peut être contacté à contact@sp-exchange.ca.
  • Le rapport peut être consulté à http://sp-exchange.ca/news/STEM-White-Paper/.

  • Shawn Mcguirk
    Université McGill

    Président, Dialogue Sciences & Politiques / Science & Policy Exchange
    Étudiant au doctorat à l’Université McGill, Centre de recherche sur le cancer Rosalind & Morris Goodman
    s.mcguirk@sp-exchange.ca

     

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