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Carine Monat et Damien Grapton, Université de Montréal
"Je ne sais pas qui de l’œuf ou la poule est arrivé le premier, mais indéniablement la poule fait plus de bruit que l’œuf!", Romain Dumoulin, acousticien et invité de l’émission.

De tout temps, cette question de "L’œuf ou la poule" intrigua de nombreux grands penseurs. Dans la Grèce Antique déjà, Aristote s’y intéressait. Pour lui, seul un être fini et donc parfait pouvait être à l’origine d’une création. C’est ainsi qu’il a conclu en toute logique que la poule était la première et avait engendré l’œuf. Fervent opposant à toute notion d’évolution des espèces, il n’envisageait pas l’existence d’un ancêtre de la poule. Pourtant, du point de vue de l’évolution, la réponse est maintenant claire, l’œuf était le premier.

Aujourd'hui encore, l’expression illustre toujours l’impossibilité de situer deux événements dans le temps. Et si l'on pose la question de l’origine de l’émission que nous avons mis en scène, on ne sais pas, on ne sait plus. Qu’est ce qui est apparu en premier, l’envie de devenir scientifique, ou bien le plaisir d’en parler? Est-ce les « petits débrouillards » de ce monde qui nous ont fait devenir des apprentis chercheurs ou nos études en science qui nous ont donné envie d’en parler au plus grand nombre?

Entre l’œuf et la poule

Pour nous c’est le besoin de sortir de nos laboratoires qui s’est fait sentir. Nous voulions aller plus loin que nos sujets pointus, et converser avec les autres contenus de recherches, comme pour réanimer ce pourquoi nous aimons la science et ce pourquoi elle est devenue un point central dans notre vie et même dans notre approche du monde. Alors, à l’instar de bien d’autres scientifiques blogueurs ou balladodiffuseurs, en octobre 2014, nous avons créé une émission de radio scientifique : L’œuf ou la poule sur CHOQ.ca.

Pour nous c’est le besoin de sortir de nos laboratoires qui s’est fait sentir.

Chaque émission est organisée autour d’un thème central et de la rencontre avec un chercheur, professeur, étudiant, intervenant d’associations ou vulgariteur-trice scientifiques, de Montréal ou du Québec. En plus de l’entrevue, l’émission est ponctuée de deux chroniques pour lesquelles quatre chroniqueur-ses se relaient : Marion Spée couvre l’actualité des sciences, Élyse Caron-Beaudoin réalise une chronique environnement et toxicologie, Tristan Lamour tient une chronique science et littérature et Marianne Desautels-Marrisal, une chronique sur les femmes scientifiques.

La radio web de l’UQAM possédait déjà de nombreuses émissions de musique, de littérature, ou encore de politique, mais plus d’émission de science depuis la disparition des Vulgaires scientifiques en 2011. Choq.ca est pourtant une radio universitaire qui se doit de refléter l’ensemble des disciplines enseignées à l’UQAM. De plus, nous pensons que toutes les sciences sont parties intégrantes de la culture et qu’elles doivent faire partie des connaissances générales de chacun. Nous nous sommes donc donné les objectifs suivants :

  • Valorisation des sciences et de la recherche scientifique locale;
  • Démystifier les sciences en les rendant accessibles;
  • Aborder des thèmes scientifiques en profondeur en étant libérés des contraintes horaires souvent serrées des grands médias;
  • Valoriser les initiatives des différentes organisations de diffusion du savoir scientifique dans la région de Montréal.

Défis pour un acteur en laboratoire et en studio

Il nous a fallu apprendre à désapprendre une partie de la démarche scientifique pour devenir recherchiste, animateur et réalisateur. Il est difficile de se sentir crédible comme journaliste amateur face à des étudiants ou des chercheurs spécialisés (mais pas toujours bons vulgarisateurs). Il faut savoir synthétiser, couper la parole et mener l’entrevue avec rythme tout en maintenant un fil rouge. Il faut aussi, contrairement à nos habitudes de rédaction scientifique, annoncer le résultat, la nouveauté, avant même d’avoir introduit le sujet.

Adieu également les schémas et autres dessins pour expliquer les concepts; un défi de taille où il faut tirer le meilleur parti de la radio à l’heure d’une information très fortement meublée d'images et de vidéos.

Un autre défin consiste en l’utilisation des réseaux sociaux et l’apprentissage de leurs mécanismes. Comment parler de science en 140 caractères? Les réseaux sociaux sont indispensables au développement d'une webradio. C’est ainsi que Christian Sardet, chercheur émérite au Centre National de la Recherche scientifique (CNRS) en France et vulgarisateur, nous a contactés. Il avait découvert en ligne notre émission sur le plancton des lacs au Québec. Membre de l’expédition Tara océan, et organisateur d’une exposition de photographies sur le plancton dans le Vieux-Port de Montréal, il était de passage au Québec et voulait nous en dire plus sur les résultats de recherche sur le Tara.

Les réseaux sociaux sont indispensables au développement d'une webradio.

Former tous les étudiants-chercheurs à la vulgarisation

Comme la majorité des chercheurs, nous n’avons pas eu de formation en vulgarisation scientifique. Nous pensons toutefois qu’il serait pertinent d’avoir au moins un cours d'initiation dans les cursus de maîtrise et de doctorat. Les chercheurs interrogés par les médias sur leurs découvertes seraient ainsi plus familiers avec les contraintes du métier. Ils pourraient mieux expliquer leurs recherches et transmettre davantage leur passion. Même si quelques chercheurs deviennent des blogueurs ou vulgarisateurs de talent, il faut cependant reconnaitre la vulgarisation comme un métier en soi, exercé de façon indépendante des universités, et ce pour s’assurer de l’absence de conflit d’intérêts. De plus, pour de nombreux étudiants qui se dirigent vers d’autres aventures scientifiques que le monde de la recherche universitaire, cette formation permettrait de leur ouvrir une voie du journalisme scientifique.

Nous ne sommes pas assis entre deux chaises, mais plutôt sur un banc faisant le lien entre nos formations de chercheurs et notre activité de journalisme amateur. Jusqu’à maintenant, l’expérience a été riche en surprises, et comme nous l’avons appris à quelques minutes d’une émission en direct, alors que nous étions coincés à l’extérieur du studio derrière une porte refusant de s'ouvrir, le chaos c'est aussi la vie et la création! Il faut s’adapter, croire au besoin de vulgariser et parfois même au miracle. Celui de la science bien sûr!

Nous ne sommes pas assis entre deux chaises, mais plutôt sur un banc faisant le lien entre nos formations de chercheurs et notre activité de journalisme amateur.

  • Carine Monat et Damien Grapton
    Université de Montréal

    Doctorante en neurobiologie à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) - Université de Montréal, dans le laboratoire de Michel Cayouette, Carine Monat étudie le développement de la rétine. Co-animatrice et réalisatrice de l’émission L’oeuf ou la poule, elle est aussi active dans les associations 24 heures de science et Cerveau en tête. Comme présidente de l’association étudiante de l’IRCM, elle a lancé un concours de photographies.

    Spécialisé dans l’étude du développement des cellules sanguines et des leucémies, Damien Grapton est diplômé de l’École Pratique des Hautes Études à Paris et étudie à l’Université de Montréal. Depuis 2014, il co-anime l’émission scientifique L’œuf ou la poule sur Choq.ca. Il participe également aux festivals Eurêka! et Pint of Science et contribue au journal Quartier Libre.

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