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Laurie Noreau, Journaliste
« Ce sont des pratiques très très solitaires, où les individus sont plutôt isolés et plus ou moins intégrés à leur programme d’étude », souligne Marie-Élaine Dontigny-Morin.

[Colloque 634 - Nouveaux usages des psychotropes : entre thérapeutique et récréatif]

Caféine, amphétamine, antidépresseurs : la liste des psychostimulants est longue et variée. On y retrouve des médicaments réduisant la sensation de fatigue et augmentant la vigilance, tout comme ceux traitant les troubles de déficit de l’attention. Ces stimulants représentent une manne pour les étudiants universitaires qui les consomment, souvent sans prescriptions. Ils y voient une façon accessible d’augmenter leurs performances scolaires.

Coup d'oeil sur un phénomène en émergence au Québec.

Solitude et culpabilité

« Les chiffres sur la prévalence de cette pratique sont très flous, surtout ici où les recherches sur le sujet commencent à peine », souligne Marie-Élaine Dontigny-Morin, étudiante à la maîtrise en sociologie à l’Université de Montréal. La chercheuse et ses collègues du centre MÉOS (Médicament comme objet social) se sont donc penchées sur cette consommation de médication dans le milieu universitaire.

Pour sa part, elle a réalisé 13 entretiens avec des étudiants provenant des sciences humaines et sociales. Cette clientèle a été ciblée, car les possibilités de placement étant plus minces dans ce domaine, ces étudiants peuvent ressentir plus de pression à se démarquer afin de faciliter leur entrée sur le marché du travail.

Suite aux entretiens, Marie-Élaine Dontigny-Morin a été en mesure de dresser un portrait général. « Ce sont des pratiques très solitaires, où les individus sont plutôt isolés et plus ou moins intégrés à leur programme d’étude », remarque-t-elle. De plus, les adeptes de ce genre de substances se confient parfois à des amis proches, mais n’ébruiteront pas leur habitude, car une certaine honte les habite. « Cela génère beaucoup de culpabilité», confirme-t-elle.

Autoprescription

L’absence de prescriptions provenant des autorités médicales officielles représente également un problème. Mais la chercheuse mentionne que « même les gens qui ont un diagnostic vont se réapproprier leur médication » en adaptant l’usage lors de périodes de remise de travaux ou d’examens. « Ceux qui priorisent l’autothérapie vont tester l’effet sur eux en prenant de petites doses. On observe un mélange des substances médicales et non médicales, illicites ou légales ». Dans certains cas, une dizaine de produits peuvent avoir été testés avant de trouver celui qui maximisera leur désir de performance. Heureusement, comme elle le précise, il y a une conscience des risques : contrairement aux adolescents, les jeunes adultes s’informent sur les substances qu’ils consomment. Cependant, « les risques à long terme sont souvent minimisés au profit d’un bénéfice immédiat. Ils croient pouvoir exercer le contrôle nécessaire ».

"Les risques à long terme sont souvent minimisés au profit d’un bénéfice immédiat. Ils croient pouvoir exercer le contrôle nécessaire", précise la chercheure.

Comme cette pratique commence à être de plus en plus répandue sur les campus universitaires, une réflexion s’impose sur la manière d’aborder ce problème. « Pour l’instant, le milieu universitaire n’est pas vraiment remis en question dans ses pratiques. C’est l’individu qui est jugé problématique », déplore Mme Dontigny-Morin. À qui incombera donc cette délicate responsabilité?


  • Laurie Noreau
    Journaliste

    Laurie Noreau est étudiante à la maîtrise en communication publique – profil journalisme scientifique à l’Université Laval. Le stage au magazine Découvrir constitue donc une occasion pour cette jeune femme de 23 ans de parfaire sa formation dans le domaine. Depuis deux ans, elle acquiert de l’expérience en journalisme dans différents médias, dont L’Exemplaire, le média-école des étudiants en journalisme de l’Université Laval. L’été dernier, elle a également effectué un stage dans sa ville natale au sein du Nouvelliste, le quotidien de Trois-Rivières.

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