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Pour transmettre des informations vitales en situation d’urgence, on pourra peut-être à l'avenir compter un nouveau mode de télécommunication : la radio cognitive.

[Colloque 212 - Nouveaux paradigmes et défis des technologies de communication sans fil 

Le 12 janvier 2010, la terre a tremblé sous les pieds des Haïtiens, faisant près de 300 000 victimes. Un lourd bilan, conséquence, entre autres, des défaillances des tours de communication sans fil de la capitale Port-au-Prince, qui ont entravé l’organisation des secours.

Pour transmettre des informations vitales en situation d’urgence, on pourra peut-être à l'avenir compter sur la radio cognitive. De fait, ce nouveau mode de télécommunication permet aux terminaux, comme des téléphones sans fil, de communiquer entre eux grâce à l’intelligence artificielle, et de s’adapter beaucoup plus facilement aux situations chaotiques… Pour sauver des vies.

La Chaire CRSNG Ultra-Électronique de l’École de technologie supérieure de Montréal, dirigée par le congressiste François Gagnon, travaille au développement de ces technologies de télécommunications dignes de Star Trek.

Pour l'armée, les chercheurs mettent déjà au point des dispositifs basés sur l’intelligence artificielle qui facilitent les communications entre les drones et les tours de communication déployés sur le terrain. « Cela permettra à ces appareils de sélectionner automatiquement les meilleures fréquences de communications à utiliser, et à l’armée de réinstaller plus rapidement les structures de télécommunication en cas de sinistre », explique François Gagnon.

Une technologie qui bouleversera aussi notre quotidien

Le chercheur et son équipe travaillent par ailleurs sur des appareils de télécommunication sans fil, destinés au grand public. De plus en plus autonomes, ils sélectionneront par eux-mêmes le meilleur signal à capter à chaque instant. Leur interface varierait en fonction de ce qu’est en train de vivre l’utilisateur. Notre cellulaire pourrait ainsi reconnaître si nous sommes en train de courir ou de faire la vaisselle, et nous proposer des options en conséquence!

Une application « antifusillade »?

Le chercheur évoque aussi des applications dédiées aux situations d’urgence, pouvant, par exemple, détecter automatiquement les coups de feu. Les téléphones des gens proches d’une fusillade communiqueraient alors entres eux pour indiquer le chemin optimal à emprunter par chacun afin d’éviter le danger. « Quand plusieurs appareils émettent et reçoivent des signaux de manière efficace, il devient alors très intéressant d’utiliser la radio cognitive, car cela multiplie les applications », ajoute-t-il.

«Accepteriez-vous de dévoiler sans contrainte votre localisation à des inconnus, afin de vous protéger d’un danger hypothétique?»

Cette architecture technologique soulève toutefois des problèmes éthiques importants. Accepteriez-vous, par exemple, de dévoiler sans contrainte votre localisation à des inconnus, afin de vous protéger d’un danger hypothétique?  Ou de laisser les autorités prendre temporairement le contrôle de votre cellulaire si vous êtes près d’un site visé par un attentat, comme celui du marathon de Boston du 15 avril dernier?

« Théoriquement, les compagnies de télécommunications pourraient déjà faire ce genre de choses, explique M. Gagnon. Notre téléphone existe déjà en plusieurs millions d’exemplaires, prêt à utiliser toutes ces capacités potentielles ». Alors que le concept de vie privée est sans cesse remis en question, la radio cognitive risque de se répandre comme une trainée de poudre bien avant que toutes les questions éthiques qu’elle soulève aient été résolues!


  • Alexandre Guertin-Pasquier
    Journaliste
    Présentation de l’auteur :Alexandre Guertin-Pasquier est étudiant au certificat en journalisme à l’Université de Montréal. Il est également chargé de cours au département de géographie de cette même université, là où il a complété une maîtrise en paléoécologie en juin 2012. Il est aussi vice-président du Musée de paléontologie et de l’évolution à Montréal.

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