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Rabéa Kabbaj, Journaliste
Quand on parle de maltraitance envers les aînés, on ne songe pas toujours à l'exploitation financière dont ils peuvent être victimes.

[Colloque 496 - L’exploitation financière des personnes aînées : prévention, résolution et sanction]

Soutirer de l’argent à une personne âgée en lui faisant du chantage émotif, lui voler des bijoux ou de l’argent liquide, faire pression sur elle en vue d’hériter, détourner des fonds qui lui appartiennent, la frauder par vol d’identité, par télémarketing ou en utilisant de façon inappropriée des cartes bancaires ou une procuration… toutes ces escroqueries sont malheureusement de plus en plus fréquentes alors que la population vieillit.

Quand on parle de maltraitance envers les aînés, on ne songe pas toujours à l'exploitation financière dont ils peuvent être victimes. Pourtant, selon Marie Beaulieu, titulaire de la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées et professeure à l'Université de Sherbrooke, cela fait bel et bien partie des problèmes que peuvent rencontrer les personnes âgées.

« Il y a maltraitance quand un geste singulier ou répétitif se produit dans une relation qui devrait être basée sur la confiance, et que cela cause du tort. On en distingue cinq formes : la négligence, la violation des droits, les mauvais traitements physiques ou psychologiques, et enfin la maltraitance matérielle et financière », souligne la chercheure en gérontologie. Marie Beaulieu présente une conférence à ce sujet au congrès. Elle y aborde, entre autres, les modalités de prévention, de dépistage, mais aussi d'intervention possibles face à ce type de maltraitance.

Pour mieux comprendre comment les aînés se font abuser financièrement, la chercheure a entrepris une vaste recension de la littérature scientifique sur le sujet. En interrogeant des bases de données par mots clés, elle a repéré une cinquantaine d’études publiées dans les cinq dernières années. Sa recension apporte un éclairage psychosocial qui complète bien les travaux de ses collègues juristes.

«Seules une approche interdisciplinaire et la collaboration entre tous les acteurs concernés permettront d’enrayer la maltraitance, en renforçant la sensibilisation et la répression.»

L’exploitation financière des aînés peut être le fait de beaucoup d’acteurs. « On pense immédiatement aux proches. Les conjoints, les enfants, les petits-enfants… mais aussi les voisins ou les dispensateurs de services. Mais cette maltraitance peut aussi être exercée par des conseillers financiers ou d'autres commerçants malhonnêtes », explique la chercheure. Le sujet interpelle aussi la responsabilité des juristes : lorsque la personne âgée signe des actes notariés, les notaires voient facilement si elle comprend ce qu’elle doit signer. Ils peuvent faire de la prévention, et refuser de procéder s’ils perçoivent que la personne âgée est en train de se faire avoir.

Mais selon Marie Beaulieu, seules une approche interdisciplinaire et la collaboration entre tous les acteurs concernés permettront d’enrayer la maltraitance, en renforçant la sensibilisation et la répression. « Il faut que les différents intervenants qui interviennent avec les personnes âgées collaborent plus étroitement et partagent leurs connaissances du phénomène. Cela implique par exemple l’Autorité des marchés financiers, les banques ou caisses populaires et les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux ».

En 2010, le Québec a adopté son Plan d’action gouvernemental 2010-2015 pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées, un problème reconnu à l’échelle internationale et qui fait même l’objet d’une journée internationale de sensibilisation, le 15 juin. Avec ce plan qui mise justement sur la collaboration intersectorielle, la province est en train de rattraper le retard qu'elle accusait jusqu'alors dans ce dossier, croit Marie Beaulieu. Mais il reste beaucoup à faire pour que sur leurs vieux jours, tous les Québécois puissent profiter sainement du pécule qu’ils auront mis toute leur vie à gagner, sans risquer de se faire plumer ou manipuler par toutes sortes d’opportunistes…


  • Rabéa Kabbaj
    Journaliste
    Présentation de l’auteure :Actuellement étudiante à la Maîtrise en Journalisme international à l’Université Laval, Rabéa Kabbaj a découvert le journalisme en 2011, année durant laquelle elle a été reporter puis rédactrice en chef de l’hebdomadaire universitaire L’Exemplaire. Passionnée de littérature et de culture, elle envisage cette immersion dans le journalisme scientifique, à l’occasion du Congrès de l’ACFAS, comme une chance d’acquérir de l’expérience dans un domaine qui lui était jusqu’ici moins familier.

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