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Laurence Houde-Roy, Journaliste
Les touristes peuvent payer entre 1500 et 3200 dollars par personne pour une semaine à traquer et photographier de monstrueux tourbillons de vent et de nuages.

[Domaine de recherche 401 - Développement et fonctionnement des personnes et des communautés et vie sociale] 

La plupart sont de jeunes retraités américains aux moyens financiers confortables. D’autres ont traversé la planète pour vivre cette expérience de tourisme axée sur les sensations fortes. Oubliez les montagnes russes ou les sports extrêmes. Ces vacanciers ne veulent qu'une chose : chasser les tornades. Ils peuvent payer entre 1500 et 3200 dollars par personne, pour une semaine à traquer et photographier de monstrueux tourbillons de vent et de nuages. Une vingtaine de compagnies américaines offrent maintenant ces forfaits entre mai et juin.

« Jusqu'au milieu des années 1990, c'était peu connu. Mais avec la sortie du film Twister, le phénomène a gagné en popularité », explique la jeune anthropologuede l’Université Laval, Catherine Morin-Boulais, qui a présenté les conclusions de ses recherches de maîtrise au congrès.

«L’Oklahoma est devenu la Mecque du temps violent.» 

Selon ses estimations, les compagnies pourraient recevoir jusqu’à 200 clients par été. Le forum virtuel Storm Track, où se retrouve les mordus, témoigne d’ailleurs de l’engouement pour la chasse aux tornades, puisqu’il compte maintenant plus de 4000 membres.

La chercheure a passé trois mois à faire ses observations en s'intégrant à des groupes de touristes. Curieux de s'approcher le plus près possible de ces phénomènes météorologiques, certains vont même jusqu'à revenir plusieurs années de suite.

Si les États du centre-est des États-Unis sont les plus propices, les amateurs ont surtout pour terrain de chasse le « couloir des tornades », du Texas au Kansas (voir carte). De fait, les grandes plaines de cette région permettent d’observer les tourbillons de très loin. L’Oklahoma est devenu la Mecque du temps violent.

Rapport inversé à la nature

Un dimanche matin, le groupe de huit touristes est sur le point de partir. Le météorologue fait ses dernières vérifications sur sa carte. Grâce à ses repères, il conduit le groupe là où les formations sont les plus prometteuses. Six ou sept heures de route plus tard, le groupe se gare sur le côté de la route. Encore quelques heures d’attente, puis le premier cumulus apparaît. Il faut encore deux heures pour que la tornade prenne forme. « Parfois, on attend en vain. En 2009, j’ai traversé huit États, et je n’ai vu aucune tornade », se souvient Mme Morin-Boulais. De quoi décevoir certains clients puisque les compagnies n’offrent aucun remboursement!

«La tornade n’est plus ce que l’on craint, mais ce que l’on cherche.»

« La tornade n’est plus ce que l’on craint, mais ce que l’on cherche. Elle est maintenant un objet de divertissement », explique Catherine Morin-Boulais. La recherche de l’esthétique, de l’adrénaline et de l’originalité motivent les clients. Plusieurs apprécient la leçon d’humilité devant le spectacle de la nature. Ils se sentent minuscules. « Du point de vue anthropologique, ce renversement de perspective est intéressant. On réussit à tirer profit d’une chose qu'on ne peut contrôler ».

Les pistes futures

Une bonne tornade attire tellement de curieux qu’il se forme parfois des bouchons de circulation sur près de 10 km. Un vrai problème pour la sécurité publique, puisqu’il devient difficile pour les automobilistes de fuir si le tourbillon dévie. Le tourisme bouleverse la région et les populations locales; des impacts que la chercheure s’apprête à affronter...


  • Laurence Houde-Roy
    Journaliste
    Présentation de l’auteure :Laurence Houde-Roy est finissante à la maîtrise en journalisme international à l’Université Laval. Après un passage à l’étranger lors de stages avec Radio France et la French Radio London, elle poursuit sa collaboration comme journaliste à CIBL 101,5 Radio-Montréal.

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