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Informations générales

Événement : 86e Congrès de l'Acfas

Type : Colloque

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

De la rétro-photographie aux expositions commémoratives, des communautés en et hors ligne au cinéma, le spectre des manifestations nostalgiques est désormais large et diversifié. Les modalités médiatiques de la nostalgie sont complexes, qu’elles se déploient à travers une visée politique (un groupe de nostalgie postsoviétique sur Facebook), relationnelle (les réfugiés qui utilisent un mobile pour rester connectés avec leur famille), mémorielle (un programme de télévision rediffusé), esthétique (les films de famille numériques vieillis au moyen d’un filtre sépia) ou encore commerciale (les rééditions augmentées de certains classiques de musique rock; certaines séries télévisées de Netflix). La nostalgie est un phénomène protéiforme dont les expressions oscillent entre sentiment intime et mouvances collectives, entre le regard joyeusement attristé sur le passé et le désir de retourner ou d’aller pour la première fois dans son pays. Les nouvelles technologies, les médias et les réseaux sociaux peuvent susciter la nostalgie, et ils sont devenus des espaces pour la partager ou l’adoucir.

Si les réflexions sur les liens qu’entretiennent les cultures médiatiques avec la nostalgie ont pris une place considérable ces dernières années en sciences humaines et sociales, elles se sont principalement développées à travers des publications en anglais ou en allemand. Les publications en français sont pour l’essentiel issues de l’anthropologie ou de la littérature. Peu de publications en langue française proposent de porter un regard critique sur la nostalgie et son lien avec la mémoire, les médias, les nouvelles technologiques et les réseaux sociaux en ligne. Dans une perspective transdisciplinaire, ce colloque rassemblera et confrontera les recherches émergentes de chercheurs, artistes ou professionnels francophones qui réfléchissent à la question en portant attention aux dimensions médiatiques et communicationnelles des thématiques suivantes :

1) Approches historiques, méthodologiques et théoriques de la nostalgie.

2) La place de la nostalgie dans l’histoire culturelle, ses rapports avec la mémoire, les souvenirs et l’oubli, la mélancolie, l’utopie ou la dystopie.

3) Les liens entre la nostalgie, les médias et les technologies de la communication.

4) La politisation de la nostalgie (dans les discours d’information et les communautés en ligne) ou les nostalgies de mouvements politiques.

5) La marchandisation nostalgique du passé ou des souvenirs du passé par les industries médiatiques.

6) La nostalgie créative et artistique, ses configurations et effets esthétiques.

7) La nostalgie institutionnelle (patrimoine, archives, musées).

Remerciements :

Les organisateurs du colloque remercient le CÉLAT (Centre de recherche Cultures – Arts – Sociétés) pour son soutien tout comme la Faculté de communication - l'École des médias de l'UQAM, le GRIPIC (Sorbonne, Paris IV) et l'UCL, Université Catholique de Louvain.

Dates :
Responsables :

Programme

Communications orales

Ouverture du colloque

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC

Communications orales

Temporalités et espaces de la nostalgie : perspectives historiques, anthropologiques et narratologiques

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC
Discutant·e·s : Tristan Paré-Morin (University of Pennsylvania)
  • Communication orale
    Nostalgies à la dérive : perspectives historiques pour instruire une critique contemporaine
    Tristan Paré-Morin (University of Pennsylvania)

    En dépit de ses racines scientifiques vieilles de plus de trois siècles, la nostalgie, dans sa forme actuelle, est aujourd’hui devenue un concept populaire utilisé pour exprimer à peu près n’importe quel désir, que ce soit pour des choses réelles ou rêvées, matérielles ou immatérielles. Tant que ses contours demeureront indéterminés, la nostalgie restera ouverte à une inépuisable réinterprétation au risque de devenir un terme dénué de sens concret, enfoui sous des clichés journalistiques et familiers. Malgré le nombre croissant de recherches novatrices sur la nostalgie en sciences sociales, à part les travaux exhaustifs de Helmut Illbruck, Svetlana Boym et quelques autres, peu de chercheurs se sont intéressés à comprendre les enjeux d’une réévaluation critique de l’histoire culturelle de la nostalgie en tant que terme, concept et expression. Cette communication s’applique à démontrer comment une compréhension renouvelée des multiples définitions qu’a pris la nostalgie au cours de sa longue histoire peut renouveler notre compréhension d’événements historiques et culturels qui s’y rapportent. Après un survol des étapes de la dérive historique de la nostalgie, j’exposerai quatre principaux paradigmes qui prévalaient au début du XXe siècle, à une époque où le concept traversait une période d’indécision étymologique : nostalgie comme mal du pays, nostalgie comme exotisme, nostalgie comme promesse et nostalgie comme regret.

  • Communication orale
    Vanlifers et la nostalgie d’une vie simple sur la route
    Célia Forget (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    En Europe et en Amérique du Nord, milléniaux comme baby boomers choisissent de vivre dans des vans qu’ils ont aménagés, de partir sur la route à la recherche d’une vie meilleure, en pleine nature. On les appelle les Vanlifers. S’ils font partie de la grande famille des full-time RVers que j’ai longuement étudiés, ils se distinguent par le véhicule choisi mais surtout par leur identification à une communauté (virtuelle), celle du hashtag #VanLife. Ce hashtag, créé en 2011 par Foster Huntington, marque la naissance d’un nouveau phénomène en pleine effervescence qui, selon mes premières hypothèses, est aux confluences de la nostalgie d’un mode de vie néo-hippie puisant son inspiration dans la vie simpliste prônée par Henry David Thoreau, et d’une hypermédiatisation du soi par une omniprésence sur les médias sociaux (Instagram, Thumbl, Facebook). Dans cette communication, je propose d’appréhender la nostalgie de deux manières : à partir du véhicule même, un van, qui a été un symbole important de toute une génération de hippie et qui pourrait être à la source même d’une nostalgie esthétique (vintage?) ; à partir d’une vision minimaliste idéalisée d’un mode de vie basé sur le rejet du consumérisme et la promotion de la débrouillardise et du Do It Yourself (DIY).

  • Communication orale
    La nostalgie et ses expressions médiatiques au regard de la narratologie. Proposition théorique et étude de cas à travers le film Captain Fantastic (2016) de Matt Ross
    Sébastien Fevry (UCL - Université catholique de Louvain)

    Curieusement, bien qu’il soit devenu fréquent d’associer, dans notre culture médiatique, de nombreux récits (littéraires, filmiques, sériels…) à la production d’un sentiment ou d’une atmosphère nostalgique, l’apport de la narratologie a rarement été pris en compte (Kanai 2016) pour explorer les rapports entre récit et nostalgie. Positionnée sur un axe esthétique/poétique, la présente communication vise à apporter une première réponse à ces questions en s’appuyant sur les développements récents de la narratologie, que ce soit en termes de tension narrative (Baroni 2007), de focalisation (Baroni 2017), d’émotions et d’empathie (Keen 2013) ou d’expérientialité (Fludernik 1996). Nous proposerons un modèle théorique en trois axes. La nostalgie peut être relative : 1) au point de vue et à focalisation (il s’agit de la nostalgie qui est exprimée par tel ou tel personnage ou par le narrateur lui-même) ; 2) à la diégèse (la nostalgie est suscitée par l’environnement dans lequel se déroule l’histoire sans nécessairement passer par la médiation d’un personnage) ; 3) à la mise en intrigue en tant que telle (celle-ci propose une configuration de la temporalité propre à susciter le sentiment nostalgique en ménageant notamment en fin de parcours la possibilité d’une certaine réversibilité et l’idée d’un retour possible). Le modèle sera principalement confronté au film Captain Fantastic (2016) de Matt Ross.

  • Communication orale
    Poétique de l’inhabité. Nostalgies de la photographie de ruines
    Estelle Grandbois-Bernard (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Cette communication présente une étude des expressions esthétiques de la nostalgie dans les photographies de ruines urbaines prenant pour objet des maisons à l’abandon. J’y propose une réflexion sur le montage temporel et affectif propre aux esthétiques contemporaines de la ruine urbaine (Lacroix 2007, Makarius 2004, Benjamin 1991), afin de montrer en quoi celles-ci invitent à considérer la nostalgie comme une spatialisation des temporalités de l’entre-deux (celles de la ruine et de la photographie). Dans le corpus de la ruin porn, je m’intéresse particulièrement aux images de maisons, car il me semble que celles-ci détournent la question (économique, politique et patrimoniale) des usages du post-industriel, vers celle, ontologique et existentielle, de l’habiter et celle, plus centrée sur les histoires particulières, de l’investissement affectif des espaces privés et intimes (le chez soi, « home » (voir Serfaty-Garzon 2003)). Comment habiter un monde en ruine ? Que représentent les ruines d’un chez-soi ? La maison à l’abandon me semble pouvoir être ainsi abordée en tant que passage et seuil (spatial et temporel), à la fois médiation et fracture (Davis 1979), s’inscrivant dans l’entre-deux qui unissent oubli et attente, immobilité et travail de deuil, édification et démolition. Car l’habiter n’est-il pas toujours là, dans la maison abandonnée, si ce n’est que comme question, celle de ses conditions de possibilité, ou comme utopie : celle du retour (revenir) ?


Dîner

Repas pour les conférencières et conférenciers du colloque

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC

Communications orales

Le retour de la nostalgie : perspectives artistiques, institutionnelles et politiques

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Commémorer les 375 ans de Montréal à travers le retour d’une vision futuriste
    Fannie Valois-Nadeau (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Issue d’une étude de cas exploratoire, basée essentiellement sur la constitution d’une archive de sources médiatiques hétérogènes recueillies à propos du 375e anniversaire de Montréal, cette présentation souhaite interroger la place qu’occupe la nostalgie d’Expo 67 au sein de ces commémorations dites « anhistoriques ». Plus qu’une simple coïncidence au plan des anniversaires ou qu’un chevauchement de dates marquantes à commémorer, le 375e anniversaire semble avoir repris et réactualisé certaines logiques au cœur même d’Expo 67. En s’inspirant d’une approche de la nostalgie qui mise sur son potentiel créatif (Boym, 2001) et qui se concentre sur « ce que fait » la nostalgie (Niemeyer, 2014), l’objectif est ici d’identifier le discours nostalgique d’Expo 67 et en quoi ce dernier a stimulé et orienté les formes de célébrations du 375e anniversaire de Montréal. Plus particulièrement, je propose ici l’exploration d’une nostalgie qui s’actualise non pas à travers le désir de reproduire tel quel l’événement passé, mais plutôt par l’émergence de nouvelles logiques et politiques de développement culturel ainsi que la réitération des discours sur l’effet catalyseur de tels événements culturels, qui réarticulent chacun à leur manière la vision futuriste et l’ampleur d’Expo 67 (Janssons, 2007).

  • Communication orale
    10 000 cartes postales pour 2042 - Imagination et nostalgie du futur en vue du 400ème anniversaire de Montréal
    Katharina Niemeyer (UQAM - Université du Québec à Montréal), Magali Uhl (UQAM)

    À l’occasion des festivités entourant le 375ème anniversaire de Montréal, l’organisme Comptoir public, associé à des artistes et à des médiateurs culturels, a lancé le projet « les postes du futur ». Durant l’été 2017, à bord d’un camion aménagé en bureau postal, le groupe a sillonné les 19 arrondissements Montréalais en vue de récolter les messages des résidents sur des cartes postales qui seront acheminées dans 25 ans aux destinataires de leur choix. Une rencontre, avec l’instigateur du projet et d’autres membres de l’équipe, suivi d’un focus group intégrant les artistes (créateurs de la série de cartes postales) et les postiers, nous a permis de formuler l’hypothèse d’une triple nostalgie : 1) celle, sociale voire existentielle, des porteurs du projet anticipant leur passage à la trentaine, 2) celle, matérielle, qui concerne le support lui-même, la carte postale comme objet esthétique et « médiaarchéologique» et 3) celle enfin, directement temporelle, qui englobe l’idée d’une nostalgie projetée vers l’avenir en devenir – une nostalgie des porteurs du projet, des personnes impliquées, mais aussi des participants s’étant prêtés au jeu. Dans une perspective socio-sémiotique, cette communication s’intéressera à ce projet sous l’angle des nostalgies du futur.

  • Communication orale
    Dire ou ne pas dire la nostalgie de l’immigré. Le cas des portraits en ligne du Musée National de l’Histoire de l’Immigration
    Emmanuelle Fantin (Sorbonne Université)

    Le musée national de l’histoire de l’immigration a été lancé en France en 2007, avec la volonté de faire évoluer les opinions sur l’immigration. En dehors des nombreuses expositions ou rencontres proposées au sein de cette institution, le musée possède également un site web livrant une multitude de contenus pédagogiques, historiques, illustratifs, etc. Parmi ces contenus, la galerie de portraits d’immigrants, intitulée « Histoires singulières » - qui possède également un autre site web dédié-, a retenu mon attention, notamment parce qu’elle se présente comme une galerie de portraits reflétant « la richesse et la diversité de l'immigration en France ». Or, en regardant de près ces portraits, on s’aperçoit que la nostalgie y occupe une place bien ambiguë - souvent évoquée pour être expressément rejetée - que je me propose d’étudier. Comment ces portraits médiatiques d’immigrés évoquent-ils la nostalgie ? Quel imaginaire de l’immigré et de son rapport à la nostalgie émerge à partir de ce dispositif au sein d’un musée national ? Je m’interrogera sur l’ambivalence de la nostalgie dans le récit de vie des immigrants, et plus particulièrement, sur la manière dont les sentiments nostalgiques sont relégués au second plan ou atténués, au profit d’une vision plus apaisée et sans regret de l’immigration en France. Je questionnerai ensuite la manière dont les souvenirs transculturels et dont la singularité de chaque témoignage est standardisée par le dispositif médiatique et narratif.

  • Communication orale
    Les outils documentaires de l’INA et de la RAI dans la mémoire collective audiovisuelle
    Anna Tible (Université Paris 13)

    La création de la première cinémathèque de télévision, en France, dans les années 1950, répond à la volonté des journalistes et producteurs, dès les débuts de la programmation télévisée, de réutiliser des extraits diffusés dans de nouveaux formats, qui veulent répondre au « goût pour le passé1 » grandissant des téléspectateurs.
    Les processus de production audiovisuelle participent à la construction d’une identité collective, à travers une certaine nostalgie audiovisuelle (Fantin, Le Hégarat, 2016). Les archives conservées dans les institutions publiques de l’INA (à partir de 1975), en France, et de la RAI-Teche (à partir de 1995), en Italie, semblent particulièrement utilisées pour l’écriture particulière de l’histoire définie par les médias audiovisuels (Niemeyer, 2010).
    Avec le tournant numérique pris par l’INA et la RAI, dans les années 2000, les sources audiovisuelles deviennent plus accessibles au grand public, à travers la mise en ligne d’une partie d’entre elles. De nouvelles pratiques de valorisation sont mises en place en faveur de ces nouveaux biens culturels (Bonaccorsi, Croissant, 2015). Quel peut alors être le rôle des outils créés par les documentalistes de la RAI et à l’INA dans le développement d’une certaine nostalgie, voire d’une mémoire collective audiovisuelle ?

  • Communication orale
    La nostalgie de la Révolution Française dans le journalisme en ligne
    Elsa Stéphan (Columbia University)

    Dans sa charte éditoriale de 2008, le journal français en ligne Médiapart entendait recréer un « club révolutionnaire » grâce à la publication sur son site d’articles rédigés par les internautes. Le site se divise ainsi en deux sections : le journal et le club. Un journal états-unien, fondé en 2011, a même été jusqu’à se nommer Jacobin Magazine, en référence non seulement au club politique mais aussi à l’oeuvre de C.L.R James Les Jacobins noirs, qui décrit la révolte des esclaves de Saint-Domingue pendant la Révolution Française. La nostalgie présente dans l’identité visuelle, les discours des journalistes et les chartes éditoriales de ces titres est d’autant plus intrigante qu’elle provient de deux journaux récents dont l’histoire est liée à celle d’Internet. La création de Médiapart en 2008 correspond aux débuts du journalisme citoyen en ligne dans l’hexagone, peu après le lancement de Rue 89, Bakchich et Agoravox. Quant à Jacobin, il a été créé sous l’impulsion du mouvement Occupy Wall Street de 2011. C’est donc sur ses deux publications que se portera notre analyse, à la croisée des sciences politiques et des théories médiatiques. A partir d’analyse sémiotique des sites, nous nous interrogerons sur les valeurs liées au journalisme dit « participatif » ou « citoyen » du début des années 2000 puis sur le mythe politique de la Révolution française conçu ici comme un mythe de l’unité, tel que défini par l’historien Raoul Girardet.


Cocktail

Cocktail pour les conférencières et conférenciers du colloque

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC

Communications orales

Revisionnement, « remake » et rétro : culture pop, cinéphilie et habitudes médiatiques

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    La nostalgie comme procédure d’évaluation de la qualité cinématographique
    Quentin Mazel (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)

    Notre intervention se propose de questionner la nostalgie dans ses relations à l’enfance, comme une modalité d’évaluation de la qualité cinématographique. Dans quelle mesure celle-ci peut apparaitre comme un moyen, à la fois collectif et personnel, voire intime, de contrôler la qualité de la consommation cinématographique ? Nous nous intéresserons tout particulièrement à certaines séries télévisées (Stranger Things) et films (Super 8, Ça, Star Wars : Le Réveil de la Force, …) qui font explicitement référence aux années 1970-1980 et qui ont suscité des interrogations quant à la nostalgie lors de leur réception. En nous
    concentrant sur ces cas, nous verronsque la nostalgie a ses règles, ses périodes et que l’appréciation de ce type d’oeuvres nécessite au préalable d’évaluer la sincérité des intentions des réalisateurs, producteurs, etc. La suspicion d’une manipulation et/ou d’une marchandisation du passé, apparait souvent comme topoï lors de ces jugements, opposant un monde marchant cupide et profiteur à un monde artistique réflexif et désintéressé. Pour ce faire, notre étude s’appuie sur l’analyse de trente entretiens réalisés avec des cinéphiles qui évoquent leur parcours de spectateur, d’un travail ethnographique sur différents lieux d’expression de cette culture artistique - festivals, expositions, conventions -, ainsi que sur l’analyse d’un corpus de critiques cinématographiques qui mobilisent la nostalgie lors d’une évaluation controversée de la qualité du film.

  • Communication orale
    «Skins, j’écoute la série tous les trois mois, c’est comme rejoindre des amis» : formes de nostalgies dans le revisionnement de séries en contexte connecté
    Christine Thoer (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Revisionner une série télévisée n’est pas un phénomène nouveau. La rediffusion de contenus est au cœur du développement de la culture et de l’industrie télévisuelles. Avec l’apparition du magnétoscope, des chaines câblées et du DVD, le spectateur gagne en autonomie quant au choix des contenus et des contextes d’écoute. Via ces dispositifs, les séries dont la complexité narrative s’est accrue ces dernières décennies, s’échappent de la programmation linéaire, devenant des objets de collection, accessibles pour le visionnement en rafale et à volonté. Aujourd’hui, via les plateformes de vidéo sur demande, revisionner une série constituerait une pratique de plus en plus populaire. Toutefois, si les dispositifs de visionnement connecté favorisent l’écoute répétée des séries, ils ne suffisent pas à expliquer la progression de cette pratique dans un contexte où l’offre de séries n’a jamais été aussi abondante. Nous inscrivant dans la sociologie des usages, nous souhaitons comprendre comment le dispositif de visionnement connecté contribue à ces expériences spectatorielles nostalgiques. Nous visons ainsi à cerner au plus près la façon dont les individus réécoutent les fictions sérielles, à cerner les contextes de revisionnement connecté, les formats des contenus visionnés (saisons, épisodes, fragments), le rôle des paratextes et les significations associées à cette pratique, notamment les formes de nostalgie auxquelles elle renvoie.

  • Communication orale
    TV, rétrophilie et nostalgie : la nouvelle vie du téléviseur dans la série télé actuelle
    Anouk Bélanger (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Dans « La beauté du mort », de Certeau (1993) écrit que les études sur la culture populaire émergent d’un élan nostalgique portant vers l’horizon d’un paradis perdu. Cette opération voulant que la culture populaire devienne légitime théoriquement seulement lorsqu’elle est en voie de disparition nous servira de prisme à travers lequel nous aborderons ici un phénomène médiatique spécifique : les représentations du téléviseur dans les séries télé de fiction actuelles. Nombreux sont les ouvrages récents qui soulignent le nouvel âge d’or du petit écran. Dans ce contexte de gain de légitimation de la télévision, le téléviseur-- objet populaire par excellence--s’y retrouve comme marqueur culturel et esthétique ambivalent. Objet rétro (vintage) qui stocke en lui une nostalgie pour le premier âge d’or de la télévision, pour les cadres domestiques, esthétiques et sociaux du moment, pour une certaine rythmique du quotidien, le téléviseur revit dans des séries telles que Mad man et Stranger things. Un désir de se réfugier dans le passé y côtoie un engouement pour un style vintage. Cette mise à mort paradoxale du téléviseur sera donc discutée ici à partir de la notion de culture populaire. En quêtant ce premier âge d’or, la série répète-t-elle ses origines ? S’agit-il d’un simple appât affectif et commercial ? Quel éclairage nous offre la notion de culture populaire sur cet élan nostalgique télévisuel ? Qu’est-ce que la présence du téléviseur nous dit sur la télévision contemporaine ?

  • Communication orale
    Wonder Woman: une « renaissance » (nostalgique?) du mythe de l'Amazone
    Émilie Zaoré-Vanié (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    75 ans après sa création, le superhéros féminin Wonder Woman obtient finalement son premier long métrage au cinéma. Les bandes dessinées, la série télévisée et les dessins animés ont connu un grand succès, mais pourquoi attendre aussi longtemps avant de transposer son histoire au cinéma ? En établissant la généalogie visuelle du personnage, jusqu’à une scène du long métrage Wonder Woman intitulée « No Man’s Land », la communication vise à démontrer en quoi le contexte socio-culturel, d’un point de vue féministe, a favorisé une « renaissance » de Wonder Woman. La figure de l’Amazone sert ici de continuité pour faire de Wonder Woman un mythe moderne qui entre en cohérence avec le contexte actuel.

  • Communication orale
    La volonté de présence : la nostalgie d’un temps pré-médiatique dans la culture contemporaine
    Jean-Sébastien Hardy (Université Laval)

    Loin de n’être justement qu’une simple représentation idéologique ou folklorique des origines, la nostalgie, à savoir « the longing for a home that no longer exists or has never existed » (Boym, 2007, 7), se donne à chacun de façon poignante et instantanée, dans une absence apparente de toute médiation. La communauté ne renverrait alors pas tant au récit explicite de son passé qu’au sentiment « évident » de la disparition d’un temps qui aurait été le sien – le passé loué étant paradoxalement le plus souvent, sinon toujours, fictif (Löwy, Révolte et mélancolie, 30). Cela étant dit, cet affect nostalgique présente lui-même une historicité, si bien qu’on peut aisément en distinguer les tonalités classicistes, romantiques, révolutionnaires, ironiques, etc., qui correspondent à autant de dispositions fondamentales par rapport au passage du temps. L’enjeu serait alors d’examiner quelles formes a pu prendre la nostalgie dans l’institution d’un présent vécu comme commun. Nous nous proposons en ce sens d’examiner une expression spécifique, et selon nous essentielle, de la nostalgie dans la culture contemporaine, soit la nostalgie d’un temps d’avant tous médias, mobilisée dans les imaginaires apocalyptique et rétro-futuriste autant que dans certaines formules passéistes du discours politique actuel. Nous analyserons néanmoins pour ce faire un phénomène culturel bien précis, à savoir les défis (challenges) de sevrage (detox, cure, etc.) des médias sociaux.

  • Communication orale
    L'anticipation du sentiment nostalgique comme motivation des pratiques de gestion personnelle des collections d'informations numériques
    Jerry Jacques (Université de Namur)

    Comment expliquer les efforts de sauvegarde et d'organisation des individus pour conserver, sur le long terme, des collections d'informations numériques ? L'objectif de cette communication est d'interroger la dimension affective des pratiques informationnelles et, plus spécifiquement, le rôle du sentiment nostalgique comme une motivation d'une série de pratiques spécifiques de conservation et d'organisation des collections personnelles d'informations numériques. En revenant sur des extraits d'interviews réalisés avec 28 étudiants sur leurs pratiques d'organisation de leurs espaces personnels d'information, nous montrerons que, dans certains cas, les photographies personnelles ou les fichiers musicaux peuvent être conservés afin de garantir la possibilité d'un retour ultérieur aux informations susceptibles d'activer ou de satisfaire un sentiment nostalgique. Ces pratiques sont la trace d'un attachement à ces objets informationnels numériques et de l'inventivité des usagers qui organisent volontairement les conditions d'apparition ou de satisfaction à venir de ce sentiment, renforçant la vision de la nostalgie comme une pratique créative (Menke & Schwarzenegger, 2016). Elles participent alors à une forme de "nowstalgie", entendue comme l'anticipation d'une nostalgie à venir au moment d'une situation en train de se dérouler ou d'être documentée (Korin, 2016).


Dîner

Repas pour les conférencières et conférenciers du colloque

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC

Communications orales

Nostalgies numériques : de la viralité au sevrage des médias sociaux en ligne

Salle : H1-1140 — Bâtiment : UQAC