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Informations générales

Événement : 86e Congrès de l'Acfas

Type : Domaine

Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines

Description :

Théories, création, méthodes d’analyse et nouvelles technologies sont les perspectives par lesquelles les différentes communications de cette session ancrée dans la littérature, le cinéma, la photographie, la musique, le design et l’architecture abordent leurs relations avec différentes problématiques : genre, espaces de production et de réception, interculturalité, transculturalité, affects, représentation, identités, pouvoir, lutte, subversion, survie, visibilité, accessibilité, dynamique, mutation, survie, conservation, métiers, etc.

Dates :
Responsable :
  • Khadiyatoulah Fall (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)

Programme

Communications orales

La création musicale et cinématographique : mise en scène et outils d’analyse

Salle : P1-5010 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Le problème d’infiltration de Robert Morin : entre expressionnisme allemand et modernité liquide
    Sophie Boyer (Bishop’s University)

    Nous proposons ici une analyse des tensions à l’œuvre dans Le problème d’infiltration, film de Robert Morin tournant autour du personnage de Louis Richard, chirurgien dont la vie bascule en l’espace d’une journée dans l’horreur. Dès sa sortie, le film est encensé par une critique qui note la forte influence de l’expressionisme allemand, observation d’autant plus pertinente que corroborée par Morin lui-même qui avoue avoir voulu rendre hommage à Murnau et Lang.

    La question de l’indéniable influence du cinéma de Weimar sera d'abord abordée mais surtout élargie par-delà sa dimension esthétique afin d’en révéler la dimension socio-politique. L’écran démoniaque (1952) de Lotte Eisner nous servira de tremplin pour analyser le film de Morin qui, à l’instar de ceux de Murnau et de Lang, est issu d’une nation marquée par ses ambiguïtés et campé dans une société bourgeoise où le masque du citoyen modèle cache souvent un monstre ordinaire.

    Or, si un regard tourné vers le passé s’avère révélateur des tensions présente dans ce film, un regard porté sur la société contemporaine dans laquelle se situe l’action s’avère tout aussi nécessaire. Les théories de Zygmunt Bauman sur la "modernité liquide" nous permettront de mettre au jour le caractère fragile et fragmentaire d’une société individualiste qui réagit à la perte de solidité des anciens repères (liens affectifs et sécurité professionnelle notamment) par un effort de contrôle compensatoire toujours miné par la menace d’une implosion.

  • Communication orale
    Filmer et raconter la vie intérieure : formes et fonctions narratives dans Six mois de cabane au Baïkal de Sylvain Tesson
    Aurélien Cibilleau (Université Laval)

    Sylvain Tesson est français. En 2010, il a effectué un séjour dans une cabane russe. Cet ermitage a fait l’objet d’un livre, Dans les forêts de Sibérie (2011), et d’un long-métrage de 52 min réalisé, pour la télévision, par Tesson lui-même. Ce film, jamais étudié, s’intitule 6 mois de cabane au Baïkal (2011) et sera l’objet principal de notre étude.

    Tesson dit être sorti « métamorphosé » de son expérience de retrait. Cette transformation spirituelle, dont la perspective justifiait le projet de l’écrivain-voyageur dès ses origines, pose toutefois les questions suivantes : comment l’image et le récit filmiques sont-ils mis à profit pour rendre compte de ce changement ?

    Nous aurons ainsi pour objectif d’interroger les formes particulières du récit dans le film de Tesson et de statuer, à terme, sur ses fonctions cognitives et identitaires. Nous recourrons à l’étude des différences couches du récit narratif audiovisuel que circonscrit Roger Odin dans son livre, De la fiction (2000), ceci afin de constater que 6 mois de cabane au Baïkal subvertit le schéma narratif traditionnel de la quête au profit d’une logique passionnelle du récit (Raphaël Baroni, 2006). Nous verrons que cette logique imprègne le dispositif de filmage, dispositif se muant en véritable procédé de subjectivation et que nous analyserons à l’aune de la notion ricœurienne d’identité narrative.

    Nous en conclurons que le film ne raconte pas tant la métamorphose de Tesson qu’il la rend possible et effective.

  • Communication orale
    War Requiem, le film : victimes et ennemis
    Sebastian Rodriguez Mayen (UdeM - Université de Montréal)

    Le film War Requiem du réalisateur britannique Derek Jarman (1989) présente une interprétation concrétisée en images de l’oratorio pacifiste du même titre par Benjamin Britten (1962). Dans plusieurs scènes du film, la nature de l’ennemi est remise en question par l’image. Ce film a reçu une réception mitigée de la part des critiques de cinéma et des musicologues à cause de sa mise en scène cliché. Or, un article d’Allen J. Frantzen (2013) réhabilite les images symboliques pour étudier la conjonction de ces images avec le texte; tout lorsqu'il montre comment l’image de la souffrance de la victime et de l’ennemi est mise au service des propos pacifistes de Britten. L’objet de cette communication est d’explorer comment la conjonction entre images et musique (identifiée dans les ouvrages séminaux de Mervyn Cooke [1991] ou Heather Wiebe [2015] sur la musique de guerre de Britten) renforce ces propos de Britten dans le film de Jarman. Pour ce faire, je propose une analyse comparative entre le film et la partition afin de mieux montrer les contrastes entre musique, image et texte et voir comment cette mise en scène allégorique peut en effet s’avérer efficace pour dénoncer la guerre en tant que nuisance sociale.

  • Communication orale
    Les gestes sonores dans l’improvisation jazz au saxophone ténor : déterminer le « sonostyle »
    Martin Desjardins (Université Laval)

    Comment savoir, à l’écoute de quelques notes seulement, si l’on entend John Coltrane, Michael Brecker ou Chris Potter? Au-delà des paramètres compositionnels notables sur partition, les paramètres « performanciels » (Lacasse 2006) caractérisent l’ensemble du jeu d’un instrumentiste. Ces paramètres, liés à l’expression du musicien, sont transmis par les « gestes sonores » — les micro-variations du timbre ou de la hauteur des notes, les inflexions, les effets, etc.—en d’autres mots, la façon dont les notes sont jouées. À cet égard, le jeu des saxophonistes ténors s’avère idéal pour observer ces gestes. Ce projet développe un nouvel outil d’analyse qui permet de mettre en évidence les gestes sonores contenus dans les improvisations jazz au saxophone ténor. Selon une approche de recherche-création (Stévance & Lacasse 2013; 2017), la modélisation de plusieurs improvisations à l’aide d’un spectrogramme a permis de faire ressortir les paramètres performanciels constituant, selon nous, le son particulier d’un musicien. Ici mené en tant que chercheur-créateur, ce projet profite des diverses interactions entre mes propres créations et la démarche de recherche, transformant l’un et l’autre en cours de projet. Cela permet de déterminer mon propre «sonostyle», c’est-à-dire l’ensemble des gestes sonores contenus dans mes improvisations, selon une approche à la recherche à la fois incarnée et intellectuelle.

  • Communication orale
    Comprendre et se faire comprendre : le travail collectif de création musicale au cirque contemporain
    Marc-Antoine Boutin (UdeM - Université de Montréal)

    Le cirque contemporain est un art de la scène relativement récent et qui est l’objet de nombreuses recherches du point de vue du théâtre, de la danse ou encore de la sociologie et de la kinésiologie. Cependant, le champ de recherche reste largement inexploré du point de vue de la musique – qui occupe pourtant une place prépondérante dans ses productions. Comment le travail de création musicale se déroule-t-il au cirque contemporain? Cette communication s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche à la maîtrise en sociomusicologie et s’appuie sur des données qualitatives provenant de onze entretiens menés auprès de compositeurs professionnels et d’étudiants de l’École national de cirque de Montréal. Si le compositeur doit travailler conjointement avec le metteur en scène et le chorégraphe pour « faire la musique » au cirque contemporain, il s’agit de mettre en lumière ce travail de création musicale dans sa dimension collective et où la réussite de la collaboration dépend de la faculté des créateurs à se faire comprendre et à négocier leurs choix artistiques. Cette recherche s’appuie essentiellement sur le cadre théorique de l’interactionnisme symbolique qui s’avère être fertile pour penser la création musicale au cirque. Cette communication fera état des conclusions de cette recherche et mettra de l’avant des dynamiques récurrentes dans le processus de création où les créateurs agissent de manière à augmenter les probabilités d’un travail efficace et harmonieux.

  • Communication orale
    Le « cross-over » comme diversification des programmations de concerts des orchestres symphoniques de Québec et de Montréal : de la stratégie marketing à la démocratisation culturelle
    Sophie Stévance (Université Laval), Laura Trottier (Université Laval)

    Au cours des dernières décennies, le milieu de la musique classique a développé différentes stratégies afin de conserver son public. L’une d’entre elles est le cross-over, tel que pratiqué par les orchestres symphoniques au Québec. D’abord utilisée comme stratégie marketing, cette pratique a su s’implanter dans les programmations de concerts des orchestres symphoniques de Montréal et de Québec, et semble être devenue un moyen pour le public de renouer avec ces institutions. Ainsi, cette pratique est-elle seulement une stratégie marketing ou est-elle aussi le reflet des rapports de la société québécoise avec ses institutions de musique classique? De plus, comment le renouvellement des programmes de concert via une diversification du répertoire s’inscrit-il dans une démocratisation de la musique classique? Pour mener à bien ce projet de recherche, une analyse de l’ensemble des programmations de concerts de l’OSQ et de l’OSM depuis la saison 2000-2001 a été effectuée afin de dresser un réel portrait de la situation. À la lumière des résultats suggérant que le cross-over est maintenant une pratique établie, il s'agit maintenant de dresser une cartographie précise de l’impact du cross-over en musique classique au Québec. Cette recherche permettra de mieux comprendre le phénomène du cross-over au Québec et quel impact la diversification de l’offre de concerts a sur la démocratisation de la musique classique au Québec, en rapprochant les orchestres symphoniques et le public.


Communications orales

Nouvelles technologies, nouvelles formes de documentation, d’archivage, d’édition, de médiation et de visibilité

Salle : P1-7110 — Bâtiment : UQAC
Présidence : Abdelkarim Mahraoui (UQAC - Université du Québec à Chicoutimi)
  • Communication orale
    Usages des archives : définitions, théories et typologies
    Simon Côté-Lapointe (UdeM - Université de Montréal)

    Depuis l’avènement de l’ère numérique et du Web, les usages des archives se sont élargis et les usagers multipliés. À travers les bouleversements du contexte d’organisation et de diffusion des archives occasionnés par la révolution numérique et le Web et la critique postmoderne en archivistique se dessine une nouvelle vision archivistique plus axée sur les usages des archives et leur exploitation que sur leur conservation. Cependant, la connaissance et les fondements théoriques des usages des archives sont peu couverts en archivistique. Dans l’objectif de repenser la conception des usages, nous proposons de faire le point sur leur situation actuelle afin d’en faire ressortir les enjeux principaux. Basée sur une synthèse de la littérature en archivistique, en sciences de l’information et en sociologie des usages, notre analyse critique des notions et concepts connexes à celle d’usage permet de mettre en perspective et de repenser la façon d’envisager les usages des archives en archivistique. Les types et typologies ainsi que les théories et modèles liés aux usages des archives sont ensuite explorés comme autant de pistes de solutions pour fonder une vision renouvelée des usages en archivistique.

  • Communication orale
    Les littératures africaines à l’ère de la culture numérique : jouer la carte de la visibilité, une question de survie
    Bintou Bakayoko (Université McGill)

    Le tournant numérique a profondément modifié les modes de consommation dans tous les domaines, particulièrement en littérature. Les vecteurs traditionnels de production et de circulation du livre se trouvent concurrencer par de nouvelles pratiques littéraires (revues en ligne, réseaux littéraires, édition numérique, « écrivain numérique », accès ouvert ), autant d’usages qui traduisent l’agonie des systèmes de légitimation classiques. En reconfigurant la pratique littéraire aussi bien dans sa nature que dans sa forme, la culture numérique Milad Doueihi (2008) appelle une nouvelle ère qui redéfinit le sens du partage des connaissances dans un environnement mondialisé, où les techniques de communication évoluent et se renouvellent, où voir et se faire voir n’est plus une question de choix. Dans cet article, j’ambitionne de comprendre la manière dont les littératures africaines francophones s’insèrent dans la culture numérique, surtout quand on sait que le monde de l’édition est en souffrance dans ces régions. J’analyse leur positionnement par rapport aux nouveaux supports de production textuelle qu’offre le numérique, et comment pensent-elles leur survie face à ce « nouvel ordre mondial ».

  • Communication orale
    L’hypermédialité à l’œuvre dans les archives du cinéaste québécois Herménégilde Lavoie (1908-1973) : recherche dans les fonds de la BANQ de Québec
    Marie Fallon (Université Laval)

    Quelle hypermédialité du cinéma (ou "environnement médiatique global") se dessine dans les documents et le parcours du cinéaste Herménégilde Lavoie ? Les archives de la BaNQ donnent une idée précise des activités du cinéaste (la façon dont il organisait son travail et dont il communiquait avec ses collaborateurs, la nature de ses projets, la date de leur réalisation, le matériel et les techniques utilisés, etc.) et des réseaux de création et de production (Club des habitants, réseaux des Sœurs, etc.) dans lesquels il s’est impliqué de 1940 à 1972. Plus de trente années de carrière ont ainsi amené Herménégilde Lavoie à travailler pour l’ONF, à devenir le directeur d’une revue intitulée La Belle Province et à diriger son entreprise de « Réalisation de films cinématographiques sonores » à la fois industriels, touristiques, religieux ou éducationnels : Les Documentaires Lavoie. Il est frappant de voir comment des projets cinématographiques de nature très différente, en apparence du moins, sont en fait interreliés et répondent à un impératif que le cinéaste aura à cœur toute sa carrière durant : l’ « embellissement » de la province québécoise, la mise en valeur de son patrimoine, du savoir-faire et du savoir-vivre de ses habitants. Les films des Documentaires Lavoie deviennent un des supports de ce message philanthropique et/ou humaniste.

  • Communication orale
    Mémorial des soldats et Pin solitaire sur la Saint-François : les représentations de Sherbrooke dans la carte postale entre 1895 et 1950
    Mathieu-Robert Sauvé (UdeS - Université de Sherbrooke)

    La carte postale a été un média de communication écrit très populaire tout au long du 20e siècle avant de tomber en désuétude avec l’avènement du courriel dans les années 1990, puis de disparaître presque complètement avec le déferlement des « textos » des années 2000. Dès son introduction, les Canadiens ont largement adopté cette « ressource des gens pressés » selon le mot de Burnaud (1958). Les autorités estiment à 27 000 le nombre de cartes postées au Canada en 1900; ce chiffre passe à 41 millions en 1908 et à 60 millions en 1913, soit une moyenne annuelle de 8 cartes par habitant (Beauregard 1987: 41). L’objectif de cette recherche en histoire culturelle est de présenter une analyse iconographique et sémantique des cartes postales représentant la ville de Sherbrooke durant l’âge d’or de ce média, au début du siècle dernier. La Collection patrimoniale de cartes postales de Bibliothèque et Archives nationales du Québec compte quelque 50 000 pièces. De ce nombre, précisément 181 ont « Sherbrooke » comme thème. Quels lieux et sites représente-t-on? Qui les produit? Quels messages rédige-t-on au verso? Dans quelle langue ? À qui sont-elles destinées? Voilà les questions que nous adressons dans le cadre de cette recherche. Pour y répondre, nous analyserons les illustrations – pour la plupart tirées de photos en noir et blanc, dont certaines coloriées à la main – et les textes du corpus.

  • Communication orale
    Inclusion sociale et visibilité des communautés québécoises marginalisées sur le portail Québec de Wikipédia : la situation des personnes LGBTQ+
    Lëa-Kim Châteauneuf (Bibliohtèques de la Ville de Montréal), Jean-Michel Lapointe (UQAM - Université du Québec à Montréal), Marie Martel (UdeM - Université de Montréal), Michael David Miller (Université McGill)

    Wikipédia est un projet encyclopédique qui vise la synthèse des savoirs existants. Mais, de quels savoirs parle-t-on ? Et quelle place est accordée aux savoirs des communautés marginalisées et aux contribut·rice·eur·s qui appartiennent à celles-ci ? Peu d’études ou d’exemples existent encore sur le sujet. Dans la foulée de ces réflexions, cette communication vise à présenter une recherche en cours sur la présence et l’inclusion sociale de la communauté LGBTQ+ au sein du projet Wikipédia à partir du contenu et du système (acteurs, communauté, organisation) qui soutiennent ses activités sur le territoire wikimédien québécois.

    Cette étude trouve ses assises dans deux principaux appareils théoriques : les sciences de l’information (analyse documentaire, expérience-usager·ère, théorie critique) et les études LGBTQ+. Du point de vue méthodologique, ce projet intègre une approche mixte reposant sur trois volets : une analyse de contenu, l’application d’une grille d’évaluation sur l’inclusion sociale et des entretiens. Les données provisoires cumulées jusqu’à ce jour indiquent une sous-représentation de la communauté LGBTQ+ et la présence de mécanismes qui freinent sa participation. Les résultats de cette étude qui seront présentés permettront d’actualiser nos connaissances quant à l’inclusivité du projet Wikipédia dans le contexte québécois tout en élargissant notre compréhension des modalités et des obstacles systémiques, qui le façonne.

  • Communication orale
    Toucher les couleurs pour rendre l’art accessible à tous
    Patricia Bérubé (UdeM - Université de Montréal)

    Depuis les années 2000, les musées multiplient les initiatives visant à faciliter l’accès aux publics dits « empêchés », qu’ils peinent à rejoindre par l’entremise des activités davantage prévues pour le grand public. Le cas des publics malvoyants ou non-voyants est représentatif de cette situation puisque ces derniers ne peuvent avoir accès aux œuvres au même titre que les autres visiteurs au sein du musée. La peinture, en raison de sa bidimensionnalité et de la place prépondérante accordée à la couleur, représente un défi particulier auquel les musées commencent à s’intéresser. Contrairement aux sculptures, il s’avère tout simplement impossible de lire une œuvre peinte par le toucher puisqu’aucun volume ne permet d’en saisir le contenu. Or, depuis 2015, plusieurs initiatives ont vu le jour afin de proposer différentes lectures tactiles d’œuvres peintes grâce, entre autres, à une interprétation numérique et à l’impression 3D. Toutefois, aucune solution n’est proposée en regard de la problématique de la couleur.

    Ici, la réalisation d’un prototype permet de remettre en question notre façon d’envisager la couleur en histoire de l’art. Les résultats préliminaires de cette étude nous ont permis d’identifier une piste intéressante qui mériterait qu’on s’y attarde davantage, à savoir que les participants tendent à associer chaque couleur à la charge émotive qui y est traditionnellement liée dans notre culture nord-américaine.

  • Communication orale
    Youtubeurs : la sérialité au cœur de la création et de la diffusion des vidéos sur les jeux vidéo
    Francis Lavigne (UdeM - Université de Montréal)

    Dans le guide créé par le YouTube Creator Academy, les intervenants suggèrent diverses stratégies pour attirer et retenir de nouveaux spectateurs. Comme ils le soulignent dans la série intitulée « Développez votre chaîne de jeux vidéo », la mise en place d’une relation à long terme entre un producteur et sa communauté est bénéfique pour les deux parties. La formation d’une image de marque est favorisée lorsque les créateurs proposent des sujets, thèmes et structures plutôt homogènes au sein de leurs chaînes.

    Dans cette présentation, nous proposons d’analyser les enjeux liés à sérialisation des contenus qui mettent de l’avant les jeux vidéo sur YouTube. Nous exposerons les outils disponibles sur cette plateforme de partage de vidéos et leurs influences directes dans la manière de penser les créations en fonction de mises en séries. Par exemple, la planification des prochaines vidéos à travers une grille horaire est apparentée aux structures épisodiques que l’on retrouve à la télévision. D’autres outils tels que les listes de lecture et les moyens d’organisation des chaînes permettent des mises en séries des vidéos.

    Des types de vidéos bien établis tels que les critiques, les let’s plays ou les longplays encouragent la publication de vidéos aux structures similaires. De plus, les créateurs sont encouragés à utiliser les métadonnées (étiquettes, titres, jeux populaires). L’intégration de ces codes, mots-clés et tendances pointe vers une logique sérielle des vidéos de jeux vidéo.

  • Communication orale
    Agir sous le coup de l’émotion : l’engagement moral en jeu vidéo au-delà de la délibération
    Maxime Deslongchamps-Gagnon (UdeM - Université de Montréal)

    Dans les études vidéoludiques, on avance que certains jeux vidéo faillissent à leur devoir en créant une relation amorale avec le joueur, notamment par l'exploitation d'une pensée strictement stratégique qui ne se réfère qu'aux règles du jeu (e.g. Sicart 2013; Ryan et al. 2016). On propose alors de sophistiquer les designs de jeu afin d'engager moralement le joueur, par exemple en y intégrant des dilemmes éthiques (Zagal 2009). Mais on modélise du même coup un joueur dont l'activité ne repose que sur sa froide raison et son jugement impartial, ce qui ne correspond pas à sa réalité expérientielle. Le joueur s'investit émotionnellement en jeu pour atteindre des résultats valorisés (Juul 2005; 2013). Il développe des préoccupations pour sa progression en jeu et pour des personnages qu'il côtoie (Perron 2016). Ces remarques indiquent qu'il faut contextualiser l'expérience morale du joueur en tenant compte de ses projets et émotions. La présentation aura pour but d'évaluer le rôle de l'émotion dans l'engagement moral et ses compatibilités avec la raison pratique. Elle mettra de l'avant les forces motivationnelles et heuristiques des émotions morales, telles que discutées en philosophie (De Sousa 2001; Greenspan 2010), en psychologie (Tangney et al. 2007) et en études cinématographiques (Carroll 2010). Elle défendra l'idée que le joueur vertueux, tel que compris par Sicart (2009), doit vivre les émotions proposées par le jeu pour entrer dans un dialogue éthique avec celui-ci.

Communications orales

Espaces urbains : dynamiques et mutations

Salle : P1-7110 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Espaces et sociétés : entre résistance de la mémoire collective et développement urbain
    Rania Mechiche (Université Ferhat Abbas Sétif 1)

    Conservation et développement soulèvent d’importantes questions sur l’équilibre socio-environnemental vital pour la société. Un constat de déséquilibre a été établi entre valeur d’usage et valeur d'échange.L’espace urbain, est confronté à un double défi, du fait qu’il doit tenir compte à la fois de ce qui existe et d’une projection réfléchie de son extension garante de sa durabilité, principe cardinal régissant toute société humaine. Dès lors, on ne peut que s’interroger sur la capacité du domaine de la conservation du patrimoine à intégrer les valeurs d’usage subordonnées aux valeurs d’échange. Projet et développement urbains censés conserver le patrimoine, gagneraient à être soutenus par une évaluation urbanistique basée sur l’approche par les valeurs, permettant d’établir la signification du lieu qu'attribue la société urbaine au lieu. Il y a cependant lieu de s’interroger : Que signifie l'espace, en liaison avec le temps historique et vécu ? et comment mobiliser sa signification pour la promotion de l’urbain ?

    Nous aborderons ces questions dans une optique anthropologique et historique à travers une étude de cas : La place Fontaine de Fouara dans le centre historique de Sétif -Algérie-. Nous cernerons les limites de notre démarche qualitative et déterminerons des orientations possibles. Nous escomptons que ces recherches intéressent toute personne œuvrant dans le domaine de la gestion de la ville.

    Mots clés : Espace- société urbaine- conservation- développement- durabilité

  • Communication orale
    Espaces d’hospitalité : formes et actes de l’hospitalité euro-américaine contemporaine par l’étude des « Hypothèses d’amarrages » du collectif d’artistes-architectes SYN-
    Félix Chartré-Lefebvre (UdeM - Université de Montréal)

    Devant la perpétuation de la crise migratoire en Europe et en Amérique du Nord, la suprématie blanche et les politiques de replis sectaires de plusieurs États-nations occidentaux, il est bien difficile de comprendre comment se réalise l’hospitalité contemporaine. Or, il importe selon nous de chercher en deçà de la vertu et du principe trop souvent reconduits par la littérature savante. Afin de définir l’hospitalité comme pratique, nous adopterons une approche dite d’esthétique sociale. Nous tâcherons de dégager les formes sensibles qui lui sont spécifiques. Si l’hospitalité consiste à faire bénéficier d’un espace à autrui, encore faut-il préciser quelles sont les formes spatiales et les actes nécessaires à sa réalisation. Outre le seuil, la frontière, le domicile, l’hôpital, l’hôtel et la chambre, outre le passage, la résidence, le soin, la réception et l’accueil qui suffisent seulement à invoquer l’hospitalité, nous voulons montrer comment l’aménagement et l’adaptation jouent un rôle incontournable dans la relation entre les hôtes. C’est par l’analyse d’une intervention artistique intitulée Hypothèses d’amarrages du collectif SYN- que nous tenterons une telle démonstration.

  • Communication orale
    Nouvelles dynamiques villageoises de la Mitidja occidentale, en Algérie
    Feriel Boustil (université Paris Nanterre France)

    Dans la partie occidentale de la plaine de la Mitidja en Algérie, le développement de l’habitat s’est fait à partir d’un embryon initial qui est le village colonial avec depuis quelques années la multiplication des lotissements individuels d’initiative privée ou encore des implantations d’habitat vertical. Ces développements récents s’inscrivent dans la situation du pays (tragédie nationale…) que dans les effets de la restructuration et de la récente politique agricole algérienne. (Imache et al, 2011).

    Cette réflexion repose sur l’analyse détaillée de l’évolution de trois villages de la lisière septentrionale de la Mitidja Occidentale ou les transformations foncières et d’occupations du sol sont les plus marqués et les plus aptes à être étudiés. Sommes-nous face à l’affirmation d’une nouvelle identité spatiale à l’image des zones périurbaines apparues en France dans les années 70 ?

    Ces évolutions témoignent-elles de l’émergence d’un nouvel espace géographique (Bryant.1992, Berger.1989, Poulot.2008) affirmé dans une ruralité nouvelle à travers des transformations économiques et sociales et face à la domination urbaine des villes limitrophes ?

    Notre propos se veut une lecture critique sur la façon d’appréhender cette nouvelle dynamique avec l’idée de présenter les éléments précurseurs qui l’ont induit et son impact sur le développement de la région.

  • Communication orale
    Fabrique de la ville et pratiques spatiales dans la ville nouvelle Ali Mendjeli (Constantine) : une approche par le genre
    Naouel Achour-Bouakkaz (UNIVERSITÉ CONSTANTINE 3), SALAH EDDINE CHERRAD (UNIVERSITE CONSTANTINE 1)

    Les thèmes de la participation des « femmes de l’espace » à la fabrique de la ville, ainsi que l’analyse des pratiques et usages d’appropriation des « femmes dans l’espace » au niveau de la ville nouvelle Ali Mendjeli, constituent la matière du présent article. Aujourd’hui, les villes algériennes font face au désordre qui règne dans plusieurs secteurs de la vie urbaine. L’espace public n’échappe pas à la crise multiforme qui secoue le pays, il est ainsi le théâtre de toutes les dérives. Les femmes algériennes, autrefois confinées « à l’intérieur » des espaces, se battent chaque jour pour « traverser » et prendre place activement au sein de leur ville, en se frayant un chemin « sécuritaire » jusqu’à leur destination quotidienne. Aujourd’hui, quelle est la place de la femme dans le processus de fabrication de la ville? Quel est sa participation réelle dans la production de l’espace? Quel rapport entretiennent « les femmes de l’espace » et « les femmes dans l’espace » avec la ville nouvelle Ali Mendjeli ? Pour tenter de répondre à ces interrogations, une enquête qualitative a été menée et les propos qui suivent sont les premiers éléments de cette investigation. Si la participation des femmes se limitait à l’espace domestique, elle est à présent une réalité dans la fabrication et l’usage de la ville compte tenu d’un investissement « crescendo » à différentes échelles, de la sphère publique.

Communications orales

La littérature : genres littéraires, théories, représentations, affects, transculturalité – Atelier 1

Salle : P1-7110 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Forme(s) de l’engagement chez Mathieu Arsenault
    Stephane Girard (Université de Hearst)

    Dans ses incarnations les plus formalistes, la littérature dite expérimentale se présente comme coupée du monde, du référent, du Réel: méta-réflexive et autotélique, la poétique textualiste implique ainsi un radical détachement face à tout ce qui pourrait relever du social, du politique, voire de l’éthique. Est-ce pour autant dire que l’expérimentation ne va pas de pair avec certaines formes… d’engagement ? L’écrivain expérimental peut-il, tout en explorant les possibles de son art, proposer des œuvres critiques, notamment à l’égard de ses contemporains en général et de la « vie littéraire » en particulier ? En nous penchant sur les deux ouvrages publiés au Quartanier – La vie littéraire (2014) et Le guide des bars et pubs de Saguenay (2016) – de l’écrivain québécois Mathieu Arsenault et en nous référant aux concepts de « paratopie » et d’« ethos discursif » que l’analyse du discours littéraire met à notre disposition, nous tâcherons d’identifier quelle(s) forme(s) un tel engagement prend chez cet auteur pour qui l’illustration de l’expérimentation littéraire ne demeure jamais bien loin de sa défense (comme en témoignent ses diverses prises de position théoriques). De la sorte, nous postulons que la « posture engagée » d’Arsenault est ce qui permet à ce dernier de singulariser sa pratique dans le champ de l’expérimentation littéraire contemporaine au Québec.

  • Communication orale
    La dualité dans Sans parangon de Jean de Préchac : un jeu de miroirs
    Cristina Robu (IU - Indiana University)

    Parmi tous les textes littéraires qui retranscrivent le règne de Louis XIV, « Sans Parangon » de Jean de Préchac (1698), qui incorpore des éléments historiques dans un décor féerique singulier, est l’un des plus inhabituels. Les deux lectures que l’on peut faire de ce conte, présentation élogieuse du parcours du monarque ou transposition fantasmagorique, ne sont en effet discordantes qu’en apparence, et il est possible de les voir comme complémentaires. Nous pensons que c’est ce statut, entre réalité et illusion, qui est responsable du dualisme émergeant du texte, qui agit comme un miroir censé transposer l’image du Roi dans un espace féerique tout en gardant le langage et les images utilisés par le discours absolutiste de l’époque.

    Nous nous appuierons dans cette analyse sur le concept de chronotope développé par Mikhaïl Bakhtine. Nous verrons comment la première partie (dans un monde de fées) de la vie du protagoniste est un espace d’apprentissage à sa vie après une seconde naissance. En faisant appel au schéma actantiel et à la partition freudienne Ego, Superego et Id, nous montrerons comment fonctionne la dualité des personnages. Enfin, nous nous pencherons sur les genres littéraires auxquels s’apparente le texte pour prouver que cette dualité relève d’un effet de miroir magique qui fusionne un monde du réel (diégétique ou historique) et un autre féerique et insolite, dépassant les attentes du lecteur en donnant à l’absolutisme une teinte invraisemblable ou satirique.

  • Communication orale
    Naissance du récit et récit avorté dans De quoi t’ennuies-tu, Éveline? et La Bagarre
    Pierre-Emmanuel Roy (Université McGill)

    À l’aube de la Révolution tranquille, Gabrielle Roy écrit De quoi t’ennuies-tu, Éveline?, dont la publication n’aura lieu qu’en 1982. Quelques années plus tôt, Gérard Bessette publie La Bagarre (1958), roman dont le protagoniste, comme Éveline dans le récit de Roy, est enlisé dans une existence terne. Pourtant, alors qu’Éveline parvient sans difficulté à sauter dans l’autobus pour partir à l’aventure, et enchante les autres passagers par ses anecdotes malgré la barrière de la langue, Lebœuf, lui, se retrouve Gros-Jean comme devant à la fin de La Bagarre, préposé à l’entretien de wagons stationnaires, ses ambitions littéraires déçues notamment à cause de son style maladroit. D’une part, la naissance d’un récit, d’autre part, un récit avorté. Pourquoi une vieille dame souffreteuse réussit-elle là où un jeune Rastignac échoue? L’approche narratologique offre des pistes d’analyse intéressantes pour cette comparaison inédite, qui jette un nouvel éclairage sur deux textes en apparence bien différents. En particulier, la description des rapports à la langue et au public révèle un ensemble de facteurs qui, dans un cas, permet à Éveline d’échapper à la grisaille de la vie quotidienne et de frapper l’imaginaire de ses compagnons de route, et dans l’autre cas, étouffe les aspirations créatrices de Lebœuf, le réduisant à un état de soumission placide auquel son nom à consonance bovine semblait le prédestiner.

  • Communication orale
    (Non-)théorisation du langage chez Christophe Tarkos : spectres de Charles S. Peirce et de Jacques Derrida
    Gabriel Proulx (Université McGill)

    Dans «“Il n’y a pas de mots” et “Ma langue est pleine de mots”. Continu et articulations dans la théorie du langage de Christophe Tarkos», Lucie Bourassa analyse l’œuvre de Christophe Tarkos à partir de l’idée selon laquelle ce dernier développerait dans sa pratique une véritable théorie du langage. Cette position sera aussi adoptée par Anne-Renée Caillé dans sa thèse de doctorat, intitulée Théorie du langage et esthétique totalisante dans l’œuvre poétique de Christophe Tarkos. Cette lecture s’appuie dans les deux cas sur la pensée d’Henri Meschonnic, selon qui «toute pratique du langage met en acte une théorie du langage» (Critique du rythme). Or le mot théorie peut chez Meschonnic s’entendre à la fois comme une compréhension ou comme une théorisation à proprement parler.

    Nous tenterons donc de démontrer que, loin de se présenter comme un théoricien du langage dont la conception de la langue serait originale et explicite, Tarkos met plutôt en pratique et littéralise différentes conceptions de la langue héritées des XIXe et XXe siècles. Nous nous pencherons principalement sur la sémiose infinie de Charles S. Peirce et sur la différance de Jacques Derrida, qui nous semblent centrales à la compréhension de la poétique tarkossienne. Notre objectif sera de montrer comment ces théories sont récupérées et inscrites dans l’œuvre même de Tarkos, dont la pâte-mot résume en quelque sorte ces deux théories et les traduit par le biais de la poésie.

  • Communication orale
    Confronter l’abject : l’écriture romanesque de l’expérience des tranchées
    Frédérick Bertrand (Université Laval)

    Les commémorations entourant le centenaire de la Première Guerre mondiale sont l’occasion de revenir et d’interroger à nouveau ce passé trouble, au fondement du XXe siècle. Les romans de la Grande Guerre, qu’il s’agisse du Feu, d’Henri Barbusse, de La Peur de Gabriel Chevallier, des Croix de bois de Roland Dorgelès, ou d’autres encore, ont permis à leur auteur, tous anciens soldats devenus écrivains, de rendre compte de leur expérience de l’horreur. Cette communication se propose donc, sur la base de la notion d’abjection telle que définie par Julia Kristeva dans Pouvoirs de l’horreur, d’étudier la représentation de l’abject dans les trois récits romanesques français précédemment nommés. Selon Kristeva, le comble de l’abjection est « le cadavre », ce qui a « irrémédiablement chuté » (Kristeva: 11). Il s’agira donc tout particulièrement de s’attarder aux représentations des corps morts dans le texte et à leurs effets sur la diégèse, de même qu’aux stratégies discursives employées pour traiter de l’horreur des tranchées. Ces représentations de l’abjection sont parfois explicitement violentes, d’autres fois teintées d’humour, ou encore sont figurées par contraste ou par la mise en scène d’une animalité, mais restent toujours signifiantes et semblent avoir une fonction cathartique. Dans le cadre de cette communication, je m’attacherai donc à relever ces éléments textuels et leurs effets au prisme de la notion décrite par Kristeva.

  • Communication orale
    Le pessimisme en littérature pour adolescents : le cas des dystopies françaises et québécoises
    Anna Lacroix (Université Laval)

    La littérature de jeunesse est issue d'une tradition qui la définie comme optimiste, ce que démontrent les processus de censure auxquels elle est souvent soumise par le milieu éditorial. Dans un tel contexte, comment expliquer la vague de popularité des dystopies pour la jeunesse ayant eu lieu au début du XXIe siècle ? Ce sous-genre science-fictionnel, présentant une société fictive souvent futuriste dans laquelle évolue un protagoniste qui y souffre et désire se révolter contre elle, est en effet caractérisé par un pessimisme assez prononcé. En constatant cette problématique, nous nous sommes demandé comment le pessimisme des dystopies pour adolescents pouvait s'harmoniser à l'optimisme de la littérature de jeunesse. Notre hypothèse est que ce pessimisme est présenté de manière édulcorée au jeune public visé, et l'avancée de notre recherche montre que cette atténuation se fait de deux façons : d'abord par la diminution du poids mis sur les épaules du personnage - et, par association, du lecteur visé - et qui est dû à la révolte qu'il doit mener contre sa société, et en second lieu par l'effet de familiarité que peut ressentir le jeune lecteur et qui est causé par les ressemblances de la dystopie avec l'ensemble de la littérature pour adolescents. Une comparaison avec des œuvres pour adultes nous a permis d'étudier, pour l'instant, deux éléments principaux amenant cette atténuation, soit le processus d'identification du lecteur au protagoniste et le choix des thèmes abordés.


Communications orales

La littérature : genres littéraires, théories, représentations, affects, transculturalité – Atelier 2

Salle : P1-7110 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    L’inscription de la Halqa comme dimension transculturelle dans le théâtre algérien : étude analytique
    Ahmed Aici (université de Mostaganem Algérie)

    Abdelkader Alloula (auteur, metteur en scène et comédien) a marqué l’histoire du théâtre algérien. Dans son parcours théâtral il a répondu aux exigences de la construction dramaturgique en associant plusieurs formes d’expression tel que Halqua, Meddah, Hakawati….

    Cette communication a pour objet l’exploration de l’une des pratiques théâtrales portant sur l’inscription de ‘’la halqua ‘’ comme genre théâtral transculturel dans le théâtre algérien et maghrébin. Nous nous intéresserons essentiellement sur la cristallisation du spectacle de ALLOULA par sa forme et son style, où au-delà d’un simple spectacle, il représente une vision du monde et une prise de position réelle. Comment la halqua est-elle conçue ? Comment infléchit-elle sur la scène théâtrale algérienne ? Pourquoi un théâtre du vécu où s’active tout un système de références commun dans un pays en pleine gestation ? Est-ce une construction esthétique socialement réprimée qui se transforme au fur et à mesure pour répondre à des critères ou à des besoins ? si oui lesquels ?

    A ces questions nous essayerons de répondre dans notre recherche par une étude analytique des spectacles de Alloula, et mettre en exergue les techniques inspirées de son legs culturel où il vise l’ancrage de nouvelles valeurs afin d’élucider le rapport entre le local et l’universel.

    Mots clés : genre théâtral – halqua- construction esthétique – réception – - transculturel.

  • Communication orale
    La poésie lyrique du 20e siècle
    Suzette Ali (Purdue University Northwest)

    Le lyrisme du XIXe siècle est de retour aujourd’hui dans le vers, mais se trouve touché par la simplicité plutôt que par le sublime. Se voulant une représentation du familier et du commun, il conduit à des modifications radicales dans les principes du genre poétique, notamment en ce qui concerne la conception du sujet lyrique qui a singulièrement évolué depuis ces changements. Si le je est présent dans les œuvres contemporaines, la communication des sentiments et des sensibilités est complètement effacée. En prenant comme exemple l’œuvre poétique d’Engelbert Mveng Balafon publiée en 1972, nous essayerons dans notre étude de démontrer comment le je lyrique devient un sujet incertain, se cherchant parmi les tas d’objets qui composent le monde. La description du monde matériel caractérise, en effet, cette œuvre particulière de Mveng. Le je qui y présent est conscient de cette situation de coprésence et se voit contraint à s’adapter au monde plein d’objets. Il en résulte un effacement de son expression affective qui entraîne la modification des principes du genre poétique. Reliés à une conscience de soi incertaine, les poèmes du recueil sont déstructurés : les répétitions, les accumulations, les énumérations font éclater le texte, l’éloignant de tout style soigné. Bref, attaché de plus en plus aux objets les plus prosaïques et matériels, le lyrisme représente, de nos jours, la volonté de reconstitution de soi du sujet lyrique.

  • Communication orale
    L’étrange alliance linguistique, ou le français au fil des générations dans la pièce Green Mustang de Laurier Gareau
    Rémi Labrecque (UdeS - Université de Sherbrooke)

    Green Mustang porte sur un conflit qui éclate dans l’intimité d’un foyer. Il est question de la transmission linguistique au sein d’une famille exogame, où deux langues vivent sous un même toit. Le personnage d’Éric Lechasseur, fier Fransaskois et professeur de littérature française à l’Université de Regina, ne tolère pas qu’on parle anglais chez lui. Sa femme, Amanda Stepaniuk, un « produit de l’immersion » bilingue aux racines ukrainiennes, le quitte après s’être sentie ignorée pendant des années. Leur fille, Mona, se qualifie de « petite assimilée » (même si elle parle très bien français) et fait une maîtrise en études anglaises pour se révolter contre son père, qui ne jure que par les poètes français du XIXe siècle. C’est elle qui fait comprendre à Éric qu’il doit remettre sa vision tranchée du monde en question.

    À partir de cette toile de fond, j’essayerai, à la lumière de L’imaginaire des langues d’Édouard Glissant, selon qui « le monde se créolise, toutes les cultures se créolisent à l’heure actuelle dans leurs contacts entre elles », et du Monolinguisme de l’autre de Jacques Derrida, qui affirme qu’il n’existe aucune barrière étanche entre les langues, de montrer que Gareau tisse une œuvre complexe où le contact des langues et l’histoire de la Saskatchewan servent de matière à réflexion sociolinguistique. On verra que Mona finit par convaincre Éric que sa vision manichéenne des langues est héritée de son père, contre qui il s’est révolté à son tour.

  • Communication orale
    Les îles de la nuit d’Alain Grandbois : anatomie des instants pénibles
    Ioulia Kounina (Université Laval)

    Les îles de la nuit, le plus célèbre recueil d’Alain Grandbois (1900-1975), a paru pour la première fois en 1944. Depuis, de nombreuses critiques ont été consacrées à ce recueil et de multiples points de vue ont été exprimés. Pourtant, les analyses se mettent d’accord sur l’idée que l’ensemble des Îles de la nuit est placé sous le signe de son poème initial Ô tourments. Adoptant aussi ce point de vue, nous proposons de voir ces tourments avant tout comme une énorme angoisse face à la précarité du temps et à ses instants fugitifs. L’être angoissé au nom duquel parle le poète est aussi inconsolable devant le passage des « musiques de l’enfance » et la disparition des « beaux Visages » que devant « la blessure d’autrefois » et « sa souffrance », puisque tout cela appartient au passé. En s’arrêtant en détail sur les moments vécus, les étalant dans la rhétorique poétique – bien que le processus même d’une telle remémoration nous paraisse très pénible –, le poète lance un défi, tente de déjouer le temps, d’éviter que « les lourdes portes de l’oubli » ne se referment. Ainsi, pour une courte période au moins, arrive-t-il peut-être à se délivrer de l’angoisse?

Communications orales

Voix de l’expression au féminin, voie du pouvoir, de la lutte et de la subversion

Salle : P1-7140 — Bâtiment : UQAC
  • Communication orale
    Habit(s), gestes et performances subversives : de la (re)production discursive et du brouillage des genres dans The Realm of the Elderlings de Robin Hobb
    Pascale Laplante-Dubé (UQAM - Université du Québec à Montréal)

    Comme le démontrent les travaux de Waugh, de Casey, et de Bould et Vint, certains textes de fantasy contemporains produisent un commentaire politique et une critique de normes sociales. Par les transgressions de la réalité consensuelle et la mise en scène de figures marginalisées, ou non humaines, ils posséderaient la capacité de subvertir le concept d’identité fixe. En retenant ce potentiel de la fantasy, nous avançons qu’elle peut devenir un espace pour les représentations féministes et queer, et contribuer à ébranler l’hétéronormativité, soit la norme hétérosexuelle selon laquelle il n’existe que 2 sexes distincts et complémentaires. Les figurations d’identité marginales deviennent alors les lieux d’un questionnement diégétique sur la construction sociale du genre, où les corps performés se (dé)forment au croisement de différents discours. Dans cette communication, nous nous attarderons à la figure de «the Fool», qui change d’identité à répétition et incarne des femmes et des hommes dans The Realm of the Elderlings de l’autrice Robin Hobb. Nous verrons qu’en tant que stratégies discursives, les performances subversives de ce personnage fabriquent son illisibilité identitaire en brouillant les codes associés au féminin et au masculin, et comment cette confusion produit une critique de la norme hétérosexuelle. Nous nous pencherons plus précisément sur la façon dont les habits et les gestes utilisés par «the Fool» dévoilent des mécanismes de la production sociale des genres.

  • Communication orale
    De l’invisible atome à l’immensité du cosmos : les sciences chez les Ursulines de Québec (1830-1910)
    Mélanie Lafrance (Université Laval)

    Les femmes sont quasi absentes de l’histoire des sciences au Québec et leur intérêt pour les sciences est largement ignoré dans l’historiographie sur les femmes. Jusqu’à la Révolution tranquille, le contact des femmes avec les sciences paraît limité aux sciences dites ménagères. Or, les Ursulines de Québec ont offert des leçons de sciences à leurs élèves dès le début du XIXe siècle : astronomie, botanique, zoologie, minéralogie, chimie et physique. Qu’est-ce qui a pu motiver ces religieuses éducatrices à intégrer des sciences à leur curriculum? Dans le cadre de notre maîtrise en histoire, nous avons relevé quatre finalités à cet enseignement : 1) attirer la clientèle, 2) révéler aux élèves « l’œuvre du Créateur », 3) développer leur sens pratique et 4) les instruire, plus que modestement. Nous en avons conclu qu’à l’époque où les filles n’avaient pas accès au cours classique, les sciences pouvaient représenter une alternative convenable pour une maison d’éducation désireuse d’offrir à ses élèves un niveau plus relevé d’instruction. Ces résultats nous invitent à repenser le rapport que les femmes entretenaient avec les sciences au XIXe siècle au Québec. Dans le cadre de cette présentation, nous proposons de discuter de ces quatre finalités de l’enseignement des sciences chez les Ursulines en regard du modèle général d’éducation des filles de l’époque. Nous illustrerons notre propos par des images de documents historiques (photos, prospectus, notes de cours, herbier, etc.).

  • Communication orale
    Anthropophagie et anarchisme en traduction
    Alexandre Dubé-Belzile (UQO - Université du Québec en Outaouais)

    Notre travail de recherche s’est appuyé sur les études traductologiques antérieures (Bassnett & Trivedi, 1998) et sur la traduction cannibale telle que théorisée par Haroldo de Campos (Campos & Wolff, 1986). Nous y avons cherché à appliquer les théories de l’anarchisme ontologique (Bey, 1985) à la traduction pour vérifier comment ces dernières contribuent à affranchir l’acte de traduction des contraintes imposées par le système capitaliste, l’État ou toute forme de contrôle et comment elles aident à affranchir le traducteur lui-même dans sa pratique. La traduction comme pratique anti-hégémonique et militante a déjà été explorée par Maria Tymoczko (Tymoczko, 2007, 2010) et Mona Baker (Baker, 2013), mais nous avons cherché à aller plus loin encore. Pour ce faire, nous avons emprunté la définition de l’idéologie du philosophe slovène Slavoj Zizek (García & Sánchez, 2008) et les idées de l’écrivain William S. Burroughs sur le langage (Land, 2005). Enfin, nous avons expérimenté avec la traduction de l’article « The body of condemned Sally: paths to queering Anarca-Islam » (Abdou, 2010), qui cherche à faire le rapprochement entre les théories queer, l’anarchisme et l’Islam. Nos réflexions nous ont permis de paver la voie à diverse piste de réflexion sur les voies que le traducteur peut emprunter pour participer à un changement radical de la société et du système dans lequel nous vivons.

  • Communication orale
    Les femmes qui jouent sont dangereuses : résistances féministes dans les jeux vidéo
    Pascale Thériault (UdeM - Université de Montréal)

    La culture autour des jeux vidéo est largement teintée d'une masculinité militarisée (Kline et al. 2003), notamment parce que l’industrie vise un public cible majoritairement masculin. Or, on assiste de plus en plus à des tactiques de résistance féministe, se manifestant à la fois dans la création et les pratiques de jeu. Ces tactiques deviennent une nécessité, car les joueuses sont victimes de harcèlement et doivent jongler avec des représentations et des rôles narratifs sexualisés et stéréotypés promus par l'industrie.

    S'inscrivant dans une mouvance féministe populaire en réponse aux problèmes de harcèlement soulevés par le mouvement misogyne GamerGate (Wofford 2014), ces résistances féministes se multiplient mais demeurent peu étudiées. En effet, comme Trépanier-Jobin et Bonenfant l'affirment (2017), les théories féministes demeurent sous-utilisées en études du jeu vidéo.

    La communication visera à présenter une cartographie préliminaire des résistances féministes en questionnant leur place au sein du paysage vidéoludique. En premier lieu, la présentation abordera les enjeux de la culture vidéoludique toxique et de la masculinité militarisée (Consalvo 2012; Kline et al. 2003). Le cadre théorique s'appuiera sur les théories du design radical (Flanagan 2013) et des pratiques vidéoludiques subversives (Layne et Blackmon 2013; Westecott 2013). Finalement, la communication proposera une cartographie préliminaire des pratiques féministes, comme le modding ou les machinimas.

  • Communication orale
    L’écriture d’un contre-récit historique dans Volkswagen blues de J. Poulin et L’amour, la fantasia d’A. Djebar
    Julia Galmiche-Essue (University of Toronto)

    Le présent est-il condamné à vivre dans l’ombre du passé ? Souvenons-nous de la polémique suscitée en février 2017 par Emmanuel Macron qui, en visite en Algérie, a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité », propos jugés « indignes » par certains de ses opposants. Cet exemple illustre la dimension politique et idéologique de notre interprétation des événements historiques que les romans à l’étude, Volkswagen Blues de J. Poulin (1984) et L’Amour, la fantasia d’A. Djebar (1985), entreprennent de dénoncer.

    Les protagonistes des deux romans posent ainsi les bases d'une nouvelle démarche historiographique qui tient autant du soupçon vis-à-vis l’Histoire qu’elles cherchent à déconstruire que de la filiation, ces dernières s’inscrivant dans cette même Histoire (de Certeau). Au(x) il(s) masculins de l’Histoire officielle fait écho un je féminin hybride dont la subjectivité permet de remettre en cause un discours présenté comme objectif (White).

    Si l'Histoire est comparée à une « grotte-tombe » chez Djebar, elle est « fosse commune » chez Poulin, la narration ayant valeur de pèlerinage. Sa réévaluation doit entraîner une redéfinition politique (autre version de l’Histoire), sociologique (donner une voix aux souffrances des Amérindiens et des Algériens), culturel (remettre en cause l'hégémonie du discours occidental, notamment le rêve américain et la mission civilisatrice de la France), mais aussi identitaire, l’excavation des moi passés devenant exploration du moi présent.