Ce colloque réunira des chercheurs de différentes disciplines autour de récits de pratique de recherche sur l’usage de théories lors de l’analyse qualitative de données. Terme polysémique, la « théorie » renvoie à des postures épistémologiques, à des considérations méthodologiques ou, encore, à des cadres conceptuels invoqués pour appréhender un phénomène. Conçue comme bricolage (Denzin et Lincoln, 1994), assemblage (Jackson et Mazzei, 2012) ou réalisation-en-devenir, et donc difficile à déterminer a priori (St. Pierre et Jackson, 2014), la mobilisation de théories en cours d’analyse qualitative est un principe essentiel de rigueur scientifique. Néanmoins, l’« équation intellectuelle du chercheur » (Paillé et Mucchielli, 2012) est souvent occultée des comptes rendus de la recherche qualitative (Anfara et Mertz, 2015). À l’enseigne de récits de pratique privilégiant le savoir-agir du praticien (Desgagné, 2005), nous invitons des chercheurs à raconter comment se déroule le processus inventif de l’analyse qualitative conjuguant une ou des théories par voie de récits de leur pratique. Il s’agira de : 1) reconstruire sous forme narrative une expérience singulière d’analyse qualitative où l’usage de la théorie s’est avéré un défi; 2) faire part des questionnements et décisions prises pour conjuguer avec ce défi, sur un mode délibératif de pensée-en-action plutôt que procédural; et 3) dégager des constats du dénouement de ce récit, particulièrement en ce qui concerne la résolution des problèmes rencontrés. À partir de ces regards à distance et d’une animation privilégiant la coréflexion entre participants, ce colloque distinguera différentes manières de concevoir l’usage de théories durant l’analyse qualitative. De plus, il s’agira d’expliciter le processus implicite de négociation du chercheur avec les données, à travers le prisme de ses théories; de reconnaître les transformations génératrices qui en résultent; et de cerner les enjeux qu’il reste à réfléchir.
Le lundi 9 mai 2016