Informations générales
Événement : 84e Congrès de l'Acfas
Type : Colloque
Section : Section 300 - Lettres, arts et sciences humaines
Description :Le colloque vise à cerner la valeur historique des installations olympiques conçues par l’architecte français Roger Taillibert, à la demande du maire Jean Drapeau, en vue des Jeux d’été de 1976. À Montréal, la présentation des JO était un vieux rêve : la première candidature de la Ville fut déposée en 1928 et, dès 1939, le parc Maisonneuve était le principal site envisagé pour accueillir l’événement.
Avec la collaboration de bureaux d’études français et d’ingénieurs québécois, Roger Taillibert élabora un projet des plus ambitieux répondant à la fois aux normes olympiques et aux nécessités des sports professionnels nord-américains. Fort de son expérience en installations sportives, il fit appel à des techniques innovantes mettant en œuvre le béton préfabriqué et précontraint, comme au Parc des Princes à Paris, et le textile architectural. Le béton est omniprésent au Parc olympique : au stade, dont la structure est un immense mécano d’environ 12 000 pièces, au centre nautique installé dans la base tripodique de la tour, qui porte le toit rétractable du stade, et au vélodrome, couvert d’une immense résille de béton de 170 mètres d’envergure ainsi qu’à l’esplanade qui recouvre les stationnements. L’implantation de ce complexe intégré fut pensée à l’échelle du parc Maisonneuve, le « parc de béton » dialoguant avec le « parc végétal » formé par le Jardin botanique de Montréal et le golf municipal.
Depuis les Jeux d’été de Rome en 1960, les villes hôtesses rivalisent systématiquement d’audace pour la construction des installations olympiques dont la localisation est devenue par ailleurs un levier de développement urbain. Les ouvrages en béton dessinés et réalisés par l’ingénieur Pier Luigi Nervi à cette occasion constituent un jalon. Au regard de l’ampleur des travaux à Montréal, le chantier du complexe olympique fut terminé en un temps record, soit un peu plus de 36 mois, certes, mais non sans soubresauts et crises. Insertion urbaine, architecture tout en courbe, choix du béton plutôt que de l’acier, techniques constructives, gestion de chantier, échéancier, coûts estimés et finals, tout étonne dans cette réalisation qui s’inscrit dans la longue lignée des grands stades en béton.
Le colloque ne se propose pas de revenir sur l’histoire sociale tumultueuse du Parc olympique; il vise à situer le projet de Roger Taillibert pour Montréal dans l’histoire de l’architecture moderne internationale et à cerner le rapport particulier qu’entretiennent architecture et ingénerie dans cette œuvre. Les présentations et les échanges permettront de bonifier l’étude patrimoniale du Parc olympique entreprise par DOCOMOMO Québec à la demande de la Régie des installations olympiques (RIO) et dans la foulée du rapport du Comité conseil sur l’avenir du Parc olympique.
La rencontre est organisée par Docomomo Québec grâce au soutien financier de la RIO.
Date :Programme
Introduction
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Pour le Parc olympiqueBissonnette Lise (UQAM - Université du Québec à Montréal)
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Le Parc olympique, 40 ans et aprèsMichel Labrecque (Parc olympique)
Mises en contexte
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La commande des installations olympiques à l'architecte Roger TaillibertFrance Vanlaethem (UQAM - Université du Québec à Montréal)
La commande est un aspect essentiel de la production de l'espace: elle est ce contrat liant chacun des acteurs de la construction à celui qui paie, qui détient le pouvoir. Dans le cas du Parc olympique, celle-ci est distendue et complexe, et de plus difficile à cerner vu les zones d'ombre que laissent persister des sources primaires à la fois pléthoriques et lacunaires.
Alors qu'en mai 1970, la Ville de Montréal fut choisie pour célébrer les Jeux d'été de 1976, elle planifiait de longue date l'accueil de compétitions d'envergure. Dans cette perspective, l'aménagement du parc Maisonneuve avait été amorcé selon les plans des Américains Clarke & Rapuano élaborés au milieu des années 1950. Pour le maire Jean Drapeau, l'obtention des Jeux était l'occasion d'offrir à peu de frais à la population des installations sportives d'importance, mais encore d'ériger un stade digne des Expos, le club de baseball majeur dont la ville avait obtenu la franchise en 1968. Si, en mars 1971, l'architecte français Roger Taillibert fut approché afin de concevoir les installations olympiques de Montréal, ce ne serait qu'au printemps 1973, que l'ensemble de l'équipe des professionnels serait formé. Entretemps, en avril 1972, le projet de la Cité olympique avait été dévoilé en grande pompe aux autorités et à la presse, un projet qui synthétise les exigences du sport amateur et professionnel et cristallise les ambitions du maire Jean Drapeau ainsi que celles de son architecte.?
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Le Parc des Princes à Paris : réalisation majeure de l'architecte Roger TaillibertFrançois Goven (Ministère de la culture et de la communication Paris)
Lorsqu'il est ouvert au public en mai 1972 pour accueillir ses premières manifestations sportives, le nouveau stade de l'Ouest parisien fait déjà depuis plusieurs années l'objet d'une reconnaissance nationale et internationale dans la presse architecturale comme dans la presse sportive. Durant plusieurs décennies, il sera le lieu des plus grandes manifestations sportives, musicales ou théâtrales françaises, lui conférant une incontestable valeur iconique.
Pourtant, 45 ans après sa réalisation, le stade du Parc des Princes est au cœur d'un profond débat sur son avenir; son architecte, Roger Taillibert, toujours actif malgré ses 90 ans, milite vigoureusement pour que ce qu'il considère être sa réalisation majeure soit transformée dans le respect de son intégrité, tandis que ses utilisateurs réclament avec de plus en plus d'insistance son « adaptation » aux standards actuels des grands stades internationaux de football.
La communication retracera la genèse et l'histoire de cette réalisation française emblématique de la deuxième moitié du XXe siècle, dont l'importance, bien au-delà du seul domaine de la création architecturale, est manifeste dans les domaines de l'urbanisme, des techniques constructives comme de l'histoire des entreprises. Elle posera enfin la question des enjeux de sa conservation à l'heure où son avenir, en plein débat, est loin d'être réglé.
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Le projet des installations olympiques au parc MaisonneuveUlisses Munarim (Docomomo Québec)
Le projet du complexe olympique au parc Maisonneuve, de l'ensemble formé par le stade, le centre nautique et le vélodrome élaboré par Roger Taillibert entre 1971 et 1973 doit être analysé en tenant compte de différents contextes, celui de la commande, celui du développement urbain et celui de la culture architecturale particulière de son concepteur et de celle de l'époque.
Le choix de l'architecte français Roger Taillibert fut déterminant pour la solution structurelle privilégiée. Son projet pour Montréal traduit sa conception de l'architecture qui favorise les formes courbes, «naturelles», et le «grand geste» et est inséparable de son expérience antérieure dans le domaine des installations sportives. Pour le Stade olympique de Montréal, il reprend la structure en béton précontraint préfabriquée mise en oeuvre au Parc des princes à Paris, non sans la modifier et sans pousser plus loin ses performances, et il l'équipe d'un toit rétractable, dispositif antérieurement expérimenté à Cannes, Reims et Paris. Il conçoit la Cité olympique à l'échelle du parc Maisonneuve, sinon de la ville et exploite la topographie du site pour intégrer les installations sportives en un complexe urbain, compact et spatial.
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Pause
Mises en perspective internationale
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L'aventure des grands stades en béton armé (1920-1975)Franz Graf (EPFL - École Polytechnique fédérale de Lausanne), Giulia Marino (EPFL - École Polytechnique fédérale de Lausanne)
Le paradigme de la visibilité optimale des spectateurs en toile de fond, l'aventure des grands stades en béton du XXe siècle est très riche. Des premières « enceintes construites » des années 1920, aux structures fermées polyvalentes des années 1970, la conception de ces équipements sportifs d'envergure est une occasion privilégiée d'expérimentation architecturale, plastique, constructive aussi. Les projeteurs tirent parti des plus ingénieuses techniques de l'ingénierie contemporaine pour produire des ouvrages accomplis tant sur le plan fonctionnel qu'esthétique. La géométrie complexe des gradins, le profil variable de l'enceinte, sa volumétrie gauche, les vertigineux porte-à-faux des tribunes couvertes : toutes les conditions sont réunies pour faire de ces bâtiments qui se veulent spectaculaires des véritables landmarks urbains.
« Ouvrages d'exception » qui méritent d'être sauvegardés ou objets obsolètes qui entravent le développement de la « ville durable » ? Malgré leur valeur patrimoniale partagée, l'actualité des grands stades est saisissante : entre les enjeux de conservation matérielle et les exigences de remise à niveau fonctionnelle, l'histoire récente des chefs-d'œuvre de l'architecture du sport du XXe siècle résume les tenants et les aboutissants du débat sur la sauvegarde des infrastructures modernes et contemporaines.?
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Du génie civil à l'architecture : les installations sportives de l'ingénieur Pier Luigi NerviCristiana Chiorino (Pier Luigi Nervi Project Asbl)
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Discussion
Dîner libre
Mises en perspective technique
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Architecture et génie civil en France au milieu du 20e siècleChristel Palant-Frapier (ENSAV et LéaV - Ecole et laboratoire d'architecture de Versailles)
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Les grands ouvrages de béton précontraint du milieu du 20e siècleMunzer Hassan (CIMA+)
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Le complexe olympique de Montréal : défi à la logique constructiveRichard Pleau (Université Laval)
Depuis la fin du XIXe siècle, l'alliance de l'architecture et du génie a permis de concevoir et de construire des ouvrages de grande portée qui sont devenus des icônes de l'architecture moderne. Des concepteurs visionnaires ont accompli des prouesses techniques reposant sur deux conditions: la compréhension des lois de la physique qui gouvernent la transmission des charges et une grande maîtrise de la géométrie pour générer des formes complexes à partir de techniques simples. Ces concepteurs ont développé une logique constructive où la forme architecturale est dictée par des considérations techniques et où les progrès technologiques sont mis au service de la création architecturale.
Les installations du Parc olympique de Montréal marquent une rupture avec cette tradition puisque leurs formes audacieuses ont été choisies sans ne guère se soucier de cette logique constructive. Pour cette raison, la construction du complexe imaginé par Roger Taillibert constituait un énorme défi technique pour les moyens de l'époque. La présentation a pour but de mesurer l'ampleur de ce défi et de comprendre à quel point ce projet était ambitieux. En privilégiant la forme au détriment de la logique constructive, le Parc olympique de Montréal préfigure l'architecture du XXIe siècle où les outils de conception et de fabrication numériques permettent aux architectes de s'affranchir des contraintes constructives pour imaginer plus librement de nouvelles formes architecturales.
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Pause
Table ronde
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Discussion
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Mot de clôture