Les sciences de l’éducation rassemblent plusieurs disciplines qui s’intéressent à l’éducation et fournissent des outils conceptuels et de références théoriques variés. Les études que mènent les chercheurs de ces différents champs tentent d’expliquer les principaux facteurs en cause dans l’échec scolaire, mais également dans la difficulté de l’école contemporaine à mieux circonscrire les orientations, les moyens et les interventions qui permettraient d’améliorer la situation. À titre d’exemple, l’analyse de la persévérance scolaire des jeunes sous l’angle du territoire a permis d’établir les interactions entre le lieu de résidence de l’élève, la localisation de l’école, le statut socioéconomique de la famille et la réussite des jeunes (Gilles, Potvin et Tièche Christinat, 2012; Perron et Veillette, 2012). D’autres travaux montrent l’incidence de la collaboration entre l’école, la famille et la communauté comme facteur de protection pour contrer les difficultés scolaires (Dumoulin, Thériault et Duval, 2011) ou portent un regard sociologique sur les interactions entre acteurs scolaires et leurs effets sur la performance des élèves (Gremion, 2012). Des recherches s’intéressent aux pratiques exemplaires de différenciation pédagogique dans plusieurs contextes et démontrent leur effet positif sur l’apprentissage des élèves (Prud’homme et al., à venir). Toutefois, malgré les efforts des chercheurs pour formaliser des modèles explicatifs, contribuer à mettre au point une approche critique et fournir des recommandations visant à « garantir l’égalité des chances », force est de constater que l’échec de l’école perdure à travers le temps dans les différents systèmes scolaires occidentaux (Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, 2008; Duru-Bellat, 2003; Suchaut 2002; Hutmacher, 1993; Mehan, 1986). Dès lors, le chercheur, en tant qu’acteur social, « ne peut faire l’économie d’un questionnement sur le bien-fondé de sa recherche, ses retombées pour les sujets, voire pour la société » (Gohier, 2004, p. 13).
Cette lecture de la situation incite les chercheurs de divers champs disciplinaires à se questionner sur l’influence réelle de leurs résultats d’études sur la réussite ou l’échec de l’école contemporaine. Elle questionne les manières de faire et invite à un décloisonnement des discours entre les champs disciplinaires pour trouver des solutions novatrices à la lutte à l’échec scolaire. Enfin, elle interroge les formes et les activités de recherche pouvant avoir une incidence sur la qualité de l’enseignement. Porteurs de ces questionnements, nous nous proposons, durant ce colloque, de mettre en synergie les compétences portées par les uns et les autres de façon efficiente.