Informations générales
Événement : 82e congrès de l'Acfas
Type : Domaine
Section : Section 400 - Sciences sociales
Description :Cette série d’ateliers porte sur plusieurs thématiques concernant les médias, les communications et l’information. Les problématiques développées touchent les campagnes de sécurité routière, les médias sociaux, diverses études sur les formes de production culturelle que sont la musique, le documentaire, la télévision et le développement d’applications. Des objets de recherche portant sur le journalisme, la publicité et les relations publiques, l’expérience du lecteur, du visiteur de musée, la gestion des archives Web, l’appropriation d’Internet par différents groupes concernant des enjeux ou des causes particulières ainsi que diverses formes d’engagement pour des causes civiques ou environnementales sont également présentés.
Dates :- Andrée De Serres (École des Sciences de la Gestion (ESG) - UQAM)
- Pierre-Léonard Harvey (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Programme
Les médias sociaux : des sciences participatives à la négociation et à l'expression de la vie privée
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Les rapports entre professionnels et amateurs dans les sciences participatives basées sur Internet : le cas FolditRicardo Vidal Torres (UdeM - Université de Montréal)
Le Web 2.0 et les réseaux peer-to-peer transforment la configuration de l’Internet. Ce phénomène autorise l’essor de la participation des internautes dans la consommation, la production et la circulation des contenus (Bruns, 2008). Ainsi, le traditionnel partenariat entre amateurs et professionnels est réanimé sur la Toile dans les projets de « science participative » (Lievrow, 2010). Là, les gens aident les scientifiques en réalisant des tâches où les humains sont plus efficaces que les ordinateurs. C’est le cas de Foldit, un puzzle 3D qui permet aux joueurs de collaborer en ligne dans la recherche sur les protéines.
Pour certains, la participation collaborative des internautes permettrait l’émergence d’une société plus démocratique (Bauwens, 2012). Cependant, ces pratiques sont considérées par le capitalisme cognitif comme des formes d’exploitation (Moulier Boutang, 2007). Cette présentation confronte cette perspective critique avec l’interprétation que font les acteurs de leurs pratiques dans Foldit, tout en explorant les rapportsentre scientifiques et amateurs dans les sciences participatives sur Internet.
La méthodologie qualitative employée comprend une observation participante et des entrevues semi-structurées avec un groupe de quinze amateurs et deux scientifiques professionnels. Ce projet veut contribuer ainsi à une meilleure compréhension des rapports qui se déroulent sur Internet et apporter aux discussions sur la gouvernance de la Toile.
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Relectures de l’islam à travers les blogues : l’exemple de quatre féministes musulmanesKrista Riley (Université Concordia)
Cette présentation portera sur l’utilisation des blogues par des femmes musulmanes en Amérique du Nord pour réfléchir et débattre sur les questions de la religion et du genre.
Les blogues sont considérés ici à la fois comme ayant des éléments d’un journal intime, où les blogueuses racontent leurs pensées personnelles et leurs expériences de vie quotidienne, et comme des interventions médiatiques dans un contexte où les femmes musulmanes sont souvent représentées de manière stéréotypée et unidimensionnelle. En se basant sur une analyse textuelle de quatre blogues, la présentation aborde trois thèmes principaux : l’engagement des blogueuses avec les textes et les opinions religieux considérés comme « traditionnels », la réinterprétation de principes religieux qui se fait à travers les expériences vécues par les blogueuses, et l’utilisation des blogues pour imaginer ce qui serait un islam idéal et égalitaire.
La présentation vise à démontrer la façon par laquelle, pour ces femmes qui se disent musulmanes et féministes, leurs écrits sur leurs expériences deviennent un moyen de contrer simultanément les interprétations sexistes de la religion et les images dominantes des femmes musulmanes comme étant passives et silencieuses.
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Le pistage comportemental sur les ressources Web en matière de santéJacquelyn BURKELL, Alexandre Fortier (Université McGill)
Ce projet décrit les pratiques de pistage comportemental (PC) sur les sites web francophones offrant de l’information sur la santé et leur divulgation dans les politiques de confidentialité. Le PC utilise l’agrégation de données non personnelles (adresse IP, pages visitées, etc.) obtenues par des mécanismes (témoins et pixels-espions) et colligées d’un site web à l’autre par des tierces parties (annonceurs, par exemple). Les profils obtenus permettent, entre autres, le ciblage publicitaire et la discrimination entre utilisateurs. La nature privée de l’information en matière de santé amène un risque particulièrement élevé à cet égard pour la vie privée des internautes. 212 sites web sur la santé ont été sélectionnés. Suivant un protocole, chaque site a visité et la présence des mécanismes de PC a été enregistrée. La divulgation du PC dans la politique de confidentialité, lorsque disponible, a été analysée. Parmi les sites web visités, 94 % (N=199) font l’objet de PC par des tierces parties. L’analyse des politiques indique que plusieurs sites mentionnent, en tout ou en partie, leurs pratiques en matière de PC. Ces mentions sont, par contre, souvent difficiles à comprendre et tendent à diminuer l’impact du PC. Ces résultats documentent un risque pour la vie privée des internautes dont les professionnels de l’information — et le public en général — devraient tenir compte lorsqu’ils choisissent des ressources web.
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Trois approches de négociation de la vie privée sur FacebookJacquelyn BURKELL, Alexandre Fortier (Université McGill)
Ce projet examine la manière avec laquelle les valeurs et les attentes en matière de vie privée des utilisateurs de Facebook (FB) influencent leurs pratiques de publication et de partage d’information. La méthodologie Q a été utilisée auprès de 48 utilisateurs. Les participants ont été amenés à classer une série d’items portant sur leurs pratiques. L’analyse révèle trois approches distinctes. Pour le 1er groupe, l’information publiée sur FB est destinée à être largement partagée et chacun est libre d’en faire ce qu’il veut, car les normes sociales empêchent le dérapage. Les profils FB se construisent par le biais d’interactions, comportent leur part de mise en scène et l’information qui s’y trouve doit être prise avec circonspection. Le 2e groupe croit également que le contenu sur FB est destiné à être partagé en étant, toutefois, méfiant envers les normes sociales. Pour ceux-ci, chacun a droit au contrôle de son image et peut imposer ses règles, mais doit, en même temps, respecter celles de l’autre. Pour le 3e groupe, l’information publiée sur FB est destinée à un cercle restreint d’intimes et l’utilisateur doit garder le contrôle de cette représentation très personnelle. Ces résultats indiquent que les attitudes par rapport à la vie privée dans les médias sociaux sont nuancées. La compréhension de ces nuances est cruciale pour l’établissement de réglementation d'espaces que les utilisateurs définissent comme étant, à divers degrés, mi-publics, mi-privés.
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Mères indignes ou mères connectéesSynda Ben Affana (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
L’objectif de cette communication est de présenter les premiers résultats d’une étude qualitative exploratoire sur les usages de l’Internet par des futures mères. Pendant notre congé de maternité, en se connectant à différents espaces virtuels liés à la grossesse, nous avons remarqué que les usagères prennent au sérieux non seulement leur statut de mère, mais aussi celui de mère connectée. Dans une logique inductive et en observant les multiples situations d’usages en mouvement continu (Ben Affana, 2008), nous avons constaté que ces espaces permettent de partager un état d’esprit, une manière de pensée, un engagement en faveur d’une construction en réseau (Eysenbach, 2001). Effectivement, ces mères connectées accèdent à des initiatives créatrices facilitant la production collective d’une nouvelle connaissance commune (Thoër et al, 2009).
C’est en référant à ces constats, à ces cadres conceptuels et au blogue de l’auteure Josée Bournival sur le site Canal Vie que nous tentons d’étudier le processus de la construction virtuelle du savoir expérientiel sur la grossesse. Notre grille d’analyse s’inspire des travaux d’Akrich et Méadel (2002) qui ont identifié trois formes rhétoriques : le communiqué (circulation de connaissances), le récit biographique (narration d’un parcours) et le débat (confrontation de points de vue). Ces trois formes apparaissent comme des idéaux types entre lesquels nous pouvons identifier d’autres catégories d’échange et de construction de savoir.
Les campagnes de sécurité routière : bilan et enjeux
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Les campagnes de sécurité routière : les bases conceptuelles d’une synthèse des connaissancesMicheline Frenette (UdeM - Université de Montréal)
Un projet financé par le programme FQRSC – Actions concertées avec la SAAQ (Société d’assurance automobile du Québec) consiste à faire le bilan critique de la recherche et des pratiques quant aux stratégies de communication et d’évaluation des campagnes médiatiques sur la sécurité routière. Cette présentation expose les bases conceptuelles qui ont guidé l’analyse de contenu des études; outre les évaluations de campagnes de sécurité routière, la synthèse inclue les études sur le comportement des usagers de la route en considérant leur pertinence pour d’éventuelles campagnes. Le cadre théorique de l’analyse des stratégies étudiées s’inspire d’une démarche en tandem qui consiste à combiner les modèles qui nous viennent de la recherche en persuasion (pour comprendre comment et pourquoi les gens modifient leurs habitudes de vie) avec ceux issus de la recherche sur l’influence des médias (pour comprendre comment l’influence de la campagne sera amplifiée, diminuée ou annulée par la dynamique des médias dans lesquels elle s’insère, que ceux-ci soient traditionnels ou interactifs). De plus, on évalue le poids relatif qui devrait être accordé aux résultats des études recensées en fonction de certains critères méthodologiques. Enfin, cette synthèse a permis de repérer les « zones grises » de la recherche sur les campagnes de sécurité routière de manière à former la base d’un agenda de recherche.
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Les campagnes de sécurité routière contre la vitesse : enjeux de recherche et de pratiqueMaxime Boivin (Université Laval)
Un projet financé par le programme FQRSC – Actions concertées avec la SAAQ (Société d’assurance automobile du Québec) consiste à faire le bilan critique de la recherche et des pratiques quant aux stratégies de communication et d’évaluation des campagnes médiatiques sur la sécurité routière.Cette présentation expose une partie des résultats en s’attardant à la thématique des campagnes contre la vitesse au volant. Dans un premier temps, les études sur le comportement des usagers de la route nous aident à comprendre les facteurs de risque relatifs à la vitesse. Suivant cette analyse de la problématique, la démarche se penche sur les stratégies de persuasion qui se sont montrées fructueuses dans les campagnes visant ce comportement. Des exemples tirés des centaines de campagnes repérées dans le cadre de l’étude sont utilisés à titre d’illustrations de stratégies porteuses ou infructueuses.Pourmieux comprendre comment l’influence d’une campagne peut être amplifiée, diminuée ou annulée par la dynamique des médias dans lesquels elle s’insère, différentes plateformes de campagnes contre la vitesse sont présentées et évaluées à la lumière des théories médiatiques. Enfin, nous identifions les faits saillants des études sur les campagnes de sécurité routière portant sur la vitesse ainsi que les questions de recherche qui restent à explorer.
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Les campagnes de sécurité routière : enjeux du transfert de connaissancesClaude Giroux (Université Laval)
Un projet financé par le programme FQRSC – Actions concertées avec la SAAQ (Société d’assurance automobile du Québec) consiste à faire le bilan critique et à jour de la recherche et des pratiques quant aux stratégies de communication et d’évaluation des campagnes médiatiques sur la sécurité routière. À cet égard, une démarche rigoureuse qui tire profit des connaissances scientifiques accumulées et de l’expérience des campagnes antérieures augmente les probabilités de réussite. Cette présentation explique les démarches de transfert des connaissances aux partenaires de l’Action concertée et aux praticiens impliqués dans l’élaboration de campagnes de sécurité routière. Ces derniers furent rencontrés en début de processus et sondés sur leurs besoins professionnels. La stratégie de partage repose sur deux des modalités de communication décrites par Lomas (1993) : 1) la dissémination (approche ciblée de différents publics) et 2) la diffusion (accès en ligne, ouvert à différents publics). Ainsi, le rapport final a été conçu de manière à faciliter la recherche d’informations relatives aux campagnes, selon la thématique et la population ciblée, et en faisant des liens avec des exemples de campagnes. De plus, la fiabilité des études est identifiée en fonction de certains critères méthodologiques. Cette synthèse offre aussi l’occasion de discuter des enjeux du transfert de connaissances entre le milieu académique et le milieu professionnel.
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Les campagnes de sécurité routière contre la distraction : enjeux de recherche et de pratiqueSabrina Dubé (UdeM - Université de Montréal)
Un projet financé par le programme FQRSC – Actions concertées avec la SAAQ (Société d’assurance automobile du Québec) consiste à faire le bilan critique de la recherche et des pratiques quant aux stratégies de communication et d’évaluation des campagnes médiatiques sur la sécurité routière. Cette présentation expose une partie des résultats en s’attardant à la thématique des campagnes contre la distraction au volant. Dans un premier temps, les études sur le comportement des usagers de la route nous aident à comprendre les facteurs de risque relatifs à la distraction. Suivant cette analyse de la problématique, la démarche se penche sur les stratégies de persuasion qui se sont montrées fructueuses dans les campagnes visant ce comportement. Des exemples tirés des centaines de campagnes repérées dans le cadre de l’étude sont utilisés à titre d’illustrations de stratégies porteuses ou infructueuses. Pour mieux comprendre comment l’influence d’une campagne peut être amplifiée, diminuée ou annulée par la dynamique des médias dans lesquels elle s’insère, différentes plateformes de campagnes contre la vitesse sont présentées et évaluées à la lumière des théories médiatiques. Enfin, nous identifions les faits saillants des études sur les campagnes de sécurité routière portant sur la distraction ainsi que les questions de recherche qui restent à explorer.
Journalismes, publicité et relations publiques
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Repenser le mythe de Walter Lippmann comme propagandiste : de la « manufacture » à l’« ingénierie » du consentementAlexis Hudelot (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Walter Lippmann projette une double identité depuis des décennies. Reconnu comme l’un des journalistes le plus influents du 20e siècle, il est aussi considéré par plusieurs auteurs comme un apologiste de la propagande. Utilisé uniquement dans ses deux premiers livres (en 1922 et 1927), son concept de manufacture du consentement est généralement interprété comme un plaidoyer élitiste pour la manipulation d’un public incapable de véritablement participer à l’exercice démocratique.Depuis quelques années pourtant, des auteurs dressent un portrait plus nuancé, qui semble contredire l’interprétation propagandiste de l’œuvre de Lippmann.
Cette recherche – dérivée de ma thèse de doctorat - propose de replonger dans le contexte historique qui voit naître l’idée de la manufacture du consentement, afin de proposer une interprétation alternative de ce qui constitue encore aujourd’hui l’héritage historique le plus reconnu de Walter Lippmann. En utilisant un cadre théorique inspiré de Quentin Skinner nous avons étudié l’œuvre et la carrière de Walter Lippmann dans le contexte des grands débats de la psychologie sociale au tournant du 20e siècle. Ce faisant nous en concluons que la manufacture du consentement constitue en fait une antithèse de la propagande, qui sera rapidement reprise par l’un des pionniers des relations publiques, Edward Bernays, pour donner du poids à sa vision d’une société systématiquement propagandiste : l’ingénierie du consentement.
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Les mécanismes d’autorégulation de la publicité sexiste au Québec : résultats d’une enquête en ligne et recommandationsBenoit CORDELIER, Mylène FAUVEL, Yanick Farmer (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Ce projet de recherche est né d'une demande du Secrétariat à la Condition féminine ( en collaboration avec le Ministère québécois de la Culture et des Communications) adressée aux chercheurs de la Chaire de relations publique et de communication marketing de l'UQAM. La recherche visait deux objectifs: 1) établir une comparaison de différents systèmes d'autorégulation de la publicité sexiste mis en place ailleurs dans le monde afin d'identifier les bonnes pratiques applicables au système québécois; 2) procéder à une enquête portant sur la connaissance et l'appréciation du système québécois auprès des annonceurs, des agences de publicité et des associations représentant les consommateurs.
Deux approches méthodologiques ont été utilisées pour mener l'enquête: l'analyse documentaire et le sondage en ligne. L'analyse documentaire servait à faire la recension des bonnes pratiques à l'échelle internationale en matière d'autorégulation de la publicité sexiste (premier objectif). Le sondage en ligne visait à recueillir l'opinion des parties prenantes à l'aide d'un questionnaire comprenant des questions fermées, des échelles de Likert et quelques questions ouvertes (deuxième objectif).
Étant donné l'ampleur du projet et la variété des questions posées, plusieurs résultats et recommandations ont émergé du projet. Ces résultats et recommandations seront présentés dans le cadre de cette communication libre.
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L’effet des bouleversements du monde médiatique québécois sur la capacité des journalistes à atteindre l’excellence : enquête auprès de 96 professionnels de l’informationJudith Dubois (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les médias d’information québécois ont connu de nombreux bouleversements au cours des 15 dernières années, tant sur le plan économique et technologique, que social et culturel. En quoi les changements qui en ont découlé ont-ils affecté la capacité individuelle des journalistes de produire d’excellents reportages? Et sur quels critères peut-on se baser pour juger de l’excellence? Les préoccupations liées aux effets de la concentration et de la convergence sur le travail des journalistes ou sur la qualité et la diversité de l’information, ont été bien documentées (Bernier, 2008; Corriveau et SIrois, 2012; Francoeur, 2012; Payette et al., 2011; Saint-Jean et al. 2003, etc.). Il n’existe cependant pas d’études établissant le lien entre plusieurs facteurs en mouvance (tels que la propriété des médias, les innovations technologiques et les nouvelles habitudes d’information du public) et l’excellence journalistique individuelle. Notre étude vise à connaître le point de vue de journalistes et de professionnels de l’information sur cette question, à partir d’indicateurs de qualité utilisés dans les concours de journalisme (Bogart, 2004; Shapiro, Albanese et Doyle, 2006; Shepard, 2000). Nous avons choisi de questionner les jurés du Prix Judith-Jasmin de 1975 à 2012 parce qu’il s’agit de professionnels de l’information reconnus dans leur milieu: 96 d’entre eux ont complété le questionnaire (sur 185 invitations). Cette communication permettra d’en faire connaître les premiers résultats.
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Le repentir en relations publiques : une stratégie argumentative de défense et de valorisation de l’image publiqueNadège Broustau, Olivier Turbide (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication présente une étude des représentations médiatiques (Broustau, 2007) du repentir dans une perspective de relations publiques. Nous y envisageons le recours médiatique au repentir - l’excuse, le regret, la contrition - comme une stratégie argumentative de défense et de valorisation de l’image publique (Turbide, Laforest, Vincent, 2013).
Partant de l'hypothèse que le repentir constitue un outil efficace pour la gestion des relations publiques, notre objectif est d'étudier la place qu'occupe cette pratique dans l'espace public et son contexte d'utilisation: qui s'excuse, pour quelle offense, à qui et dans quelles circonstances? Réalisée à partir d'une analyse diachronique d'un corpus de presse, cette étude s'attache à décrire l’évolution du repentir public et questionne son usage stratégique: quels facteurs médiatiques et sociopolitiques expliquent la multiplication de ces épisodes de repentir? Quels bénéfices les personnalités publiques retirent-elles du repentir par rapport à d'autres stratégies de réparation de l'image publique (Benoit, 1995)?
Plus largement, nous évaluons comment cette stratégie de repentir participe aux exigences de transparence prônées par les discours de la société civile (Gagné 2011), au travail de refondation de la confiance entre organisations et publics (Billiet, 2009), et aux injonctions déontologiques des relations publiques (Andronic, 2009 ; Charest, 2012 ; Catellani, 2013 ; Cossette, 2013).
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Émergence d’une thématique environnementale dans la presse écrite : la forêt québécoise avant et après la diffusion de L’erreur boréaleIsabelle PARÉ (Université Laval)
La gestion des forêts fait vibrer une corde sensible, c’est du moins ce qu’il est possible de déduire des remous qu’occasionne l’actualité forestière dans les médias. La couverture médiatique de certains événements, comme la diffusion de L’erreur boréale, un documentaire environnemental militant de Richard Desjardins et Robert Monderie, propulse les débats sur la place publique. Ce documentaire pose un diagnostic sévère quant à l’état de dévastation de la forêt boréale. L’onde de choc provoquée a été véhémente. L’erreur boréale a marqué la foresterie récente, catalysant la communication publique sur la forêt. Il sert d’ailleurs toujours de point de référence dans les discussions autour des enjeux forestiers québécois.
Nous proposons une analyse de ce en quoi la diffusion du documentaire a influencé notablement les conceptions de la forêt véhiculées dans la presse écrite, plus particulièrement dans le quotidien La Tribune, avant et après la diffusion du documentaire controversé. Une approche méthodologique dite mixte, combinant une analyse de similitude à une analyse thématique du contenu, a permis de dégager les représentations sociales (RS) de la forêt, tel qu’elles sont véhiculées le quotidien ciblé. L’analyse des RS avant la diffusion du film a permis d’en dégager une, la forêt généreuse. La controverse a entraîné l’émergence ou la transformation de 4 RS : la forêt joyau, la forêt dure mais généreuse, la forêt menacée et la forêt abstraite.
Trois dimensions de la production culturelle : musique, télévision, documentaire
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Masculinités et télévision : une étude des discours identitaires masculins dans les séries télévisées nord-américaines contemporainesStéfany Boisvert (Université McGill)
L’objectif premier de notre présentation est de justifier l’importance de la recherche francophone sur la représentation des genres – la construction sociale et culturelle de discours identitaires associés aux hommes et aux femmes – dans les séries télévisées: les études de genre portant sur la télévision sont, encore à ce jour, plus prolifiques dans le milieu anglo-saxon et le corpus d’œuvres fictionnelles étudiées dans ce champ de recherche, majoritairement anglophone. Nous présenterons ensuite des résultats préliminaires de notre recherche portant sur les discours identitaires masculins dans des fictions télévisuelles nord-américaines. Une analyse comparative de séries canadiennes et états-uniennes nous a permis de déceler des similitudes et différences significatives concernant la construction de personnages masculins à la télévision et de réfléchir aux dimensions transnationales du concept de masculinité (Connell 1998, 2000, 2005; Hegde 2011; Moss 2011). Nous relierons finalement certains résultats de notre analyse à la notion de masculinité hégémonique (Connell): ce concept, inspiré des travaux de Gramsci, permet de demeurer attentif à la hiérarchisation des identités de genre à la télé, au-delà de la diversité apparente et créative des représentations.
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L’incertitude dans le documentaire interactif géolocalisé : une étude de l’application Walking the EditJulia Salles (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans le champ émergent du documentaire interactif, une des pratiques les plus répandues est l'utilisation de médias géolocalisés comme élément central des projets artistiques (Gaudenzi, 2013; Gifreu, 2010). Ce type de documentaire utilise un mode d'interaction qui considère des paramètres de l'espace physique dans lequel se situe l'œuvre (normalement à travers l'usage du GPS), et qui agit dans la relation de l'interacteur avec l'espace (De Souza e Silva et Frith, 2010; Frith, 2012, Pan, 2004).
Dans ce travail, nous analysons l'impact de l'indétermination apportée par le rapport à l'espace au processus créatif de l'œuvre, car, comme Gaudenzi l'a constaté, les médias géolocalisés ont aussi le potentiel d'ouvrir le documentaire interactif aux rencontres imprévisibles avec l'espace. Nous allons nous interroger sur les implications de l'intégration de l'espace (et toute l'indétermination que cela comprend) dans la création de l'œuvre documentaire (Terranova, 2004 a et b; Parisi, 2013).
Notre recherche se base sur l'étude de l'application pour téléphone portable Walking the Edit, qui permet de réaliser des montages de vidéos à partir de certains paramètres de la marche de l'interacteur dans l'espace urbain (comme le rythme de la marche, l'itinéraire choisi, etc.). La différentiation entre les pratiques stratégiques et tactiques, développée par de Certeau, nous servira aussi à distinguer les différents rapports à l'espace produits par les utilisateurs de Walking the Edit.
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Le rôle productif des contraintes et des tensions au sein du processus collectif de création artistiqueJoëlle BASQUE, Isabelle Caron (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Dans cet article nous contribuons à la recherche entourant la créativité comme étant ancrée dans les dynamiques de groupe et les interactions (Sawyer 2007; Sawyer & DeZutter 2009, Sullivan, 2011; Glăveanu, 2011; O’Donnell, 2013). Plutôt que d’avoir recours au concept de « créativité collective » (Sawyer & DeZutter, 2009), nous puisons au sein des théories pragmatistes de l’action (Joas, 1996; Eisenberg, 1990; Weick, 1995, Cooren, 2010) afin de conceptualiser les contraintes et les tensions inhérentes au processus de création collectif comme étant productives plutôt que restrictives du point de vue créatif. Nous utilisons ce cadre théorique pour analyser des données ethnographiques tirées d’une étude de terrain auprès d’un collectif d’artistes pendant la première année de l’élaboration d’un projet artistique. Dans l’analyse nous reconstruisons les situations interactionnelles et les différents contextes de création créés par l’appropriation et la redéfinition des contraintes en termes de possibilités d’action. Notre analyse démontre : 1) comment des tensions émergent de ce processus; 2) comment ces tensions sont productives, car elles sont utilisées en tant que « figures » et font une différence dans le déroulement des événements; 3) comment l’appropriation est cruciale pour qu’une tension devienne productive; 4) comment la créativité se manifeste dans le processus artistique lui-même, notamment par la découverte de buts implicites par les artistes en interaction.
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Le rôle de Facebook dans les pratiques de consommation musicaleValérie Lachaîne (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Les pratiques de consommation musicale ont grandement évolué depuis l’apparition du phonographe au XIXe siècle. C’est notamment le cas des manières d’écouter et d’échanger de la musique qui continuent de se transformer grâce aux différents dispositifs offerts par le web. Peer to peer, écoute en streaming ou via des réseaux socionumériques (RSN) comme Facebook : les usagers innovent tous les jours dans leurs façons de partager et s’approprier la musique, contribuant ainsi au développement de nouvelles pratiques de consommation musicale. Si la circulation d’informations sur ces RSN s’apparente au bouche à oreille, elle le dépasse largement. La littérature scientifique concernant ces espaces documente peu ce phénomène dans le contexte spécifique de la consommation de musique. Cette présentation se propose de mettre en lumière une recherche portant sur les usages d'un groupe d'échanges musicaux sur Facebook, de même que sur la manière dont ses membres perçoivent leurs pratiques. Les résultats proposés ont été obtenus grâce à l’analyse de contenu d’un corpus d’échanges en ligne prélevés sur une durée d’une semaine ainsi que d’une dizaine d’entretiens semi-dirigés avec des membres de ce groupe. Ils seront centrés sur ce qui a trait au partage de musique et aux motivations derrière, répondant ainsi aux attentes de notre cadre théorique fondé sur la sociologie des usages, la sociologie du don et la théorie de la reconnaissance (Jouët, 2000; Granjon, 2012; Casilli, 2010).
L'expérience du lecteur et du visiteur, la gestion des archives Web, la recherche collaborative
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La lecture comme objet d’étude en bibliothéconomie et sciences de l’information : douze recherches récentesMajela Guzman (UdeM - Université de Montréal)
Au cours du XXe siècle, les outils théoriques et méthodologiques pour étudier la lecture en tant que pratique culturelle ont été fournis notamment par les recherches en sociologie de la lecture. Or, le traitement du sujet dans le domaine de la Bibliothéconomie et sciences de l’information (BSI) du point de vue méthodologique et conceptuel n´a pas été abordé. Ce travail a pour but d´explorer comment les pratiques de lecture ont été étudiées en BSI de 2000 à 2012. Nous avons choisi la base de données LISA pour le repérage d’articles de journaux scientifiques, limitant notre analyse à 12 travaux caractérisés par leur exhaustivité méthodologique. Après une description des études du point de vue méthodologique et conceptuel, nous constatons : a) que la plupart des articles analysés n’ont pas pour cible un type de lecture spécifique; b) que les méthodes qualitatives ont une présence importante dans les recherches analysées; c) que les auteurs ne tiennent pas compte des apports théoriques de la sociologie de la lecture; et d) que l´utilité fondamentale de ces études est leur applicabilité dans la conception des services documentaires et dans la gestion des collections. Ce travail nous a aidée à encadrer notre recherche doctorale en nous permettant d’avoir une vision plus ample sur la diversité des choix méthodologiques, théoriques et conceptuels qui s’offrent dans le domaine de la lecture.
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Et si l’office de tourisme devenait un objet de visite touristique? Évolution du lieu, nouvelles offres et nouvelles frontièresCamille Bernetiere (Université d'Avignon et des pays de Vaucluse), Jean DAVALLON, Emilie FLON
Les offices de tourisme constituent une vitrine économique en rendant visible l’attractivité d’une ville, voire d’une région. Ils se doivent d’être un espace de compréhension du territoire d’accueil afin de répondre à leur fonction première : rendre lisible les forces du territoire.
L’intérêt est porté ici sur l’espace physique et numérique (son site internet) de l’office de tourisme. La notion d’espace est entendue comme l’ensemble des lieux virtuels ou réels dans lesquels interviennent volontairement les offices de tourisme.
L’objectif est non pas de s’intéresser aux publics et à leur réception des ergonomies de ces deux espaces, mais bien d’analyser ces espaces pour comprendre les enjeux de modifications de pratiques et de rôles des conseillers en séjour.
De quelle façon l’organisation spatiale dans les offices de tourisme joue un rôle dans la répartition des tâches entre conseillers en séjour, dispositifs numériques et brochures ? Quel rôle de l’espace dans la nature de l’information distribuée au sein des offices de tourisme ?
L’hypothèse proposée est que cette organisation spatiale et thématique modifie les pratiques, à la fois des personnels des offices de tourisme et des usagers (touristes et habitants).
Le terrain structurant de cette recherche est l’office de tourisme d’Aix et du Pays d’Aix, scénographié par l’Agence Canopée.
Pour mener cette recherche, une analyse sémio-pragmatique de l’office, envisagé comme un dispositif de communication en soi, est réalisée.
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Quand le visiteur devient documentaliste et conservateur : l’activité iMontréal, le collectionneur au Musée McCord de MontréalEva Sandri (UQAM - Université du Québec à Montréal)
A l’heure où l’on s’interroge sur la plus-value cognitive des dispositifs de médiation numérique, comment savoir de quelle façon ces supports modifient l’expérience de visite muséale ? Nous cherchons à comprendre comment les visiteurs, notamment le jeune public, peuvent accéder, grâce aux nouvelles technologies, à une conscience de la façon dont se constitue une collection muséale. Nous proposons d’analyser l’activité : « iMontréal - Le collectionneur » du musée Mc Cord via l’observation de l’activité puis des entretiens avec les concepteurs du dispositif. L’activité propose aux élèves de choisir des objets du musée afin de réaliser une collection. Ils ont accès à la collection en ligne du musée via un dispositif numérique mobile et peuvent s’envoyer par mail les informations principales sur l’objet (notice et photographie). Les élèves créent ensuite une maquette d’exposition où ils mettront dans l’espace les photographies des objets choisis qu’ils auront au préalable imprimé, réalisant ainsi un véritable parcours d’exposition. Si la réception de l’activité donne à voir des élèves surpris par la forme atypique de la visite, lors de la réalisation de la maquette on observe qu’ils se posent des questions pertinentes quant aux défis de la réalisation d’un parcours d’exposition. Ces questionnements révèlent une prise de conscience des enjeux du travail de muséographe dans une activité qui se veut une passerelle entre le musée et la classe, prolongeant les apports de la visite.
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Gestion des archives Web : entre réalité et recommandations des cadres de référenceAïda Chebbi (UdeM - Université de Montréal)
La valeur archivistique du Web ne semble pas être reconnue malgré un effort soutenu de certaines archives nationales à diffuser des politiques d’archivage du Web organisationnel ou gouvernemental. Notre recherche a pour but de développer une meilleure compréhension de la nature des archives Web et de documenter les pratiques actuelles d’archivage du Web organisationnel.
De nature exploratoire et descriptive, notre étude est basée sur trois modes de collecte des données, à savoir : l’analyse d’un corpus de 55 politiques d’archivage du Web organisationnel; l’observation de 11 sites Web publics d’organismes au Québec et, enfin, des entrevues avec 21 participants impliqués dans l’archivage de ces sites Web.
Les résultats de notre recherche démontrent que les sites Web étudiés sont le produit de la conduite des activités en ligne d’une organisation. Ils confirment aussi que l’usage des technologies Web dans les organisations provoque la genèse de nouveaux types de documents propres au Web. Les pratiques d’archivage des sites Web observées ne respectent pas toujours les recommandations formulées dans les cadres de référence analysés ni la nature propre des documents Web. Ces constats nous ont amenée à proposer une politique type pour la gestion des archives Web. Ce modèle de politique décrit un éventail de mesures à mettre en œuvre dans une organisation en fonction des résultats de l’analyse des risques associés à l’usage de son site Web public.
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La recherche collaborative : du plaidoyer à l’analyse des processus réels de collaborationKatia Vianou (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Récemment, sans doute sous l'effet des transformations que vit aujourd'hui la recherche scientifique concernant sa finalité et les attentes formulées à son endroit, la littérature sur la recherche collaborative a connu un renouveau.
Dans cette littérature, l'engagement délibéré autant de non-chercheurs que de chercheurs dans la conduite de l'investigation scientifique est présenté non seulement comme une voie alternative aux modèles classiques de recherche en sciences sociales, mais comme une nécessité politique et éthique, une condition de pertinence et une garantie de la validité scientifique. De plus, la collaboration y est envisagée avant tout en tant que problématique relationnelle et communicationnelle.
Malgré son caractère idéologique, cette littérature, en problématisant la collaboration, permet aussi d'en explorer la complexité: elle fait apparaître que les processus collaboratifs de recherche sont empreints de profonds enjeux à la fois scientifiques, politiques et éthiques.
C'est donc à une "lecture alternative" de cette littérature que sera consacrée la communication proposée. À partir de l'examen de trois sources documentaires, il s'agira moins de rendre compte des arguments en faveur de la collaboration que d'extraire les questions à poser pour l'étude des processus réels de collaboration. Les éléments saillants d'une analyse effectuée dans le cadre d'une recherche doctorale portant sur les pratiques de coopération scientifique seront ainsi exposés.
Session d'affiches
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La définition coutumière de l’œuvre en droit internationalNicholas Thiffault (UdeS - Université de Sherbrooke)
C'est d'une constatation empirique qu'est née cette communication: l'absence d'une définition statutaire canadienne, étrangère et internationale de l'oeuvre en droit d'auteur. Objet de protection juridique, l'oeuvre est pourtant au centre de tout système de protection juridique des créations. L'hypothèse majoritairement retenue pour expliquer cette absence de définition est que l'équilibre des intérêts des créateurs et des consommateurs est facilité par la nébulosité du concept.
En droit international, la situation n'est guère plus reluisante. Devant la difficulté de la définir, provoquée par les intérêts divergents des acteurs, les États ont préférés s'abstenir. L'oeuvre ne possède donc pas de définition claire dans les différents traités internationaux.
Une autre source peut cependant nous permettre d'éclaircir cette question: la coutume. C'est par une analyse positiviste de différents droits nationaux, sélectionnés selon des critères spécifiques, que les vases communiquant des différentes définitions nationales sont relevés, nous permettant d'en arriver à une amorce de définition coutumière. -
Allaitement et séduction : un duo qui dérangeAriane Normand (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Après avoir pratiquement disparu des pratiques pendant plusieurs années, l’allaitement maternel est en plein essor depuis une trentaine d’années au Québec. Ce changement n’est pas étranger à la promotion effectuée par la santé publique, qui diffuse largement le message que l’allaitement maternel est le meilleur mode d’alimentation du nourrisson. Bien que son objectif soit louable, la promotion de l’allaitement comporte des effets pernicieux tels que l’émergence du construit social de la « bonne mère » (Héon et Martin, 2013), qui peut créer un sentiment de culpabilité chez les mères qui n’atteignent pas les idéaux proposés. Dans le cadre de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel 2012, l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal a fait paraître une publicité mettant en vedette Mahée Paiement. L’actrice allaite son enfant en tenue de soirée dans un décor luxueux; la publicité se termine avec le message « Allaiter, c’est glAMOUR ». La publicité a fait couler beaucoup d’encre; alors qu’une poignée de chroniqueurs l’ont appuyée, plusieurs s’en sont indignés – et la réaction fut similaire sur le web. Nous proposons une analyse du message diffusé ainsi que des commentaires qu’il a suscités dans les médias et sur le Web à partir de principes d’analyse de discours sociaux (Vincent, 2005). Cette recherche s’insère dans un projet plus large qui vise à définir quelles sont les caractéristiques des discours culpabilisants.
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La médiation patrimoniale des ksours : le cas d'un patrimoine architectural en AlgérieAziza Nesrine Siamer (Université François Rabelais Tours)
Le patrimoine des ksours est une réalité encore mal définie de nos jours. C’est un chantier ouvert il y a maintenant quelques décennies. Les frontières de la patrimonialisation des ksours et les enjeux de la recherche publique de cette réalité des ksours seront déterminants pour les sociétés qui les habitent.
Dans l’espace social, la communication autour des ksours participe aussi d’une appropriation de la reconstruction identitaire du lien ksourien, favorisant ainsi le retour à une conception culturelle des ksours, comme somme des expériences vécues traduites dans le langage architectural et les formes d’expression urbaines.
Au sens le plus large, cette forme de médiation culturelle exige la mise au jour des catégories de l’interprétation du patrimoine urbain ksourien. Les fondements idéologiques de l’architecture des ksours et leur réalité sont une réponse nouvelle aux problèmes que pose l’architecture d’aujourd’hui dans les vallées présahariennes. Les architectures des ksours analysés seront abordées par leurs médiations en utilisant une méthodologie sémiotique issue de la théorie peircienne[2].
[2]SANSON, Pascal, La médiation sémiotique du paysage architectural et urbain, in « Le Paysage Urbain - Représentations, Significations, Communication », L'Harmattan – Collection EIDOS, 2007.
Diverses formes d'engagement pour des causes civiques ou environnementales
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Des femmes hors de l’ordinaire! Une analyse des représentations du leadership des Mauriciennes d’influenceMélissa Doucet (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières), Mireille LALANCETTE
Sheryl Sandberg encourage les femmes à foncer tandis que Monique Jérôme-Forget discute du rôle clé des femmes dans l’économie, la question du leadership féminin est au cœur de l’actualité. Cette communication s’inscrit dans ce contexte et vise à mettre de l’avant la construction discursive des femmes leaders par le biais de l’analyse des dossiers de candidature (N=47) du concours Mauriciennes d’influence, un concours biennal qui récompense une femme faisant une différence dans la région (par exemple, en occupant un poste dans une instance décisionnelle). Par le biais d’une analyse qualitative et quantitative de ces dossiers, nous identifions les composantes de l’éthos discursif (Amossy 2010) et faisons des liens avec les éléments du leadership de Northouse (2009). Nous verrons qu’afin de faire la promotion de leur candidature, les femmes mettent l’accent
sur leurs réalisations professionnelles et leurs implications sociales. Plusieurs discutent du difficile équilibre et des défis de la conciliation travail-famille. Les analyses montrent qu’elles sont actrices du changement et pratiquent un leadership axé sur la tâche. Ainsi, contrairement à nos attentes, elles mettent peu l’accent sur le leadership participatif lequel est souvent associé aux femmes. Ces résultats seront discutés en fonction des écrits sur le leadership et le genre (Dolan 2005; Devitt 2002; Eagly 2007) et mis en perspective avec les travaux portant sur les représentations des femmes leaders dans les médias. -
Les usages des médias sociaux par les adolescents : une forme possible d’engagement civiqueCaroline Caron (UQO - Université du Québec en Outaouais)
Cette communication traite des « cultures participatives » (Jenkins, 2009) qui foisonnent en ligne grâce aux médias sociaux, notamment les sites de partage et de diffusion de contenus médiatiques. D’après plusieurs auteurs anglo-saxons, la production et la diffusion de contenus médiatiques en ligne révéleraient, en effet, l’émergence de nouvelles cultures caractérisées par l’expression, le partage et la solidarité (Asthana, 2010). Particulièrement populaires auprès des adolescents et des jeunes adultes, ces nouvelles cultures participatives en ligne ouvriraient de nouvelles pistes d’investigation du rapport des jeunes à la politique et à l’engagement civique (Weller, 2010). La communication proposée présente une étude de cas menée afin d’étudier certaines particularités de l’expérience participative en ligne des adolescents. L’examen chronologique de la production vidéo d’une adolescente québécoise sur le site YouTube permet de dégager cinq modalités de constitution d’un « soi relationnel » (Manning, 2012). Dans les vidéos produites par la vidéaste amateure sur le rejet et l’intimidation à l’école secondaire secondaire, par exemple, les modalités de mise en relation de soi semblent faciliter une politisation de l’expérience personnelle, dont l’expression intimiste contribue à redéfinir les notions d’engagement et de participation, ainsi que les distinctions classiques entre public et privé.
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Le hacktiviste: entre bidouilleur et cyberterroristeAnne-Sophie Letellier (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Le projet traite du hacktivisme (Jordan & Taylor, 2004; Coleman, 2012) comme mode de militance sur les technologies numériques. Le cadre théorique de la recherche met en relation les dynamiques entre la technique (Heidegger, 1953; Marcuse, 1969) et la société par les concepts de gouvernance systémique (Freitag, 2003) et de système technicien (Ellul, 1977) pour comprendre comment les technologies de l’information et de la communication représentent aujourd’hui des outils stratégiques nécessaires au maintien d’une position hégémonique (Mattelart, 2001). Dans cette optique, il sera question d’étudier les répertoires d’action hacktivistes dans le contexte sociopolitique actuel; plus précisément, à travers quatre campagnes menées par le collectif Anonymous : Chanology (2008), Operation Payback (2010), Operation Egypt et Operation Tunisia (2011). Ainsi, la recherche analyse la manière dont s’articulent de manière légale et conceptuelle les discours des institutions étatiques et médiatiques, qui tendent à cadrer les actions hacktivistes dans un répertoire s’apparentant au cyberterrorisme (Denning, 2001; Conway, 2009), et ceux des militants qui défendent ces pratiques comme étant des modes de protestation légitimes (Costanza-Chock, 2001). L’objectif de la présentation étant finalement d’analyser et de problématiser ces discours afin de soulever les enjeux idéologiques sous-jacents à l’usage tactique (De Certeau, 1990) des technologies numériques.
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Communiquer et gérer une crise, ça s’apprend!Marie-Pier PAQUETTE-SÉGUIN, Hani Sarkis (UQTR - Université du Québec à Trois-Rivières)
Une crise est un processus de transformation induit par une rupture majeure qui force à la restructuration des systèmes sociaux, humains et technologiques (Shrivastava, 1993). En situation de crise, la communication ne tolère pas l’improvisation d’urgence, le contexte est grave et l’enjeu trop aïgu (Wetphalen, 1994). La qualité de l’information transmise aux publics visés durant cette période est cruciale et les communicateurs doivent appliquer des normes rigoureuses dans la diffusion que ce soit au niveau de la rapidité de diffusion, l’exactitude des propos et la compréhension de ceux-ci (Cutlip, Center et Broom, 1985).
La communication de crise est importante pour la survie d’une organisation. La problématique actuelle se résume au fait que cet aspect ne revêt pas l’importance qu’on devrait lui accorder au sein des PME québécoises. L’objectif de cette recherche est de répondre à cette lacune généralisée aux entreprises québécoises. À l’aide d’une revue de littérature et d’entrevues auprès de spécialistes et d’entrepreneurs, les meilleures pratiques de communication de crise dans un contexte québécois seront explorées et présentées. Cette recherche contribue à l’avancement des connaissances dans le domaine de la communication de crise ainsi qu’à la sensibilisation des PME québécoises sur les meilleures pratiques dans ce domaine. De même, des avenues de recherche dans le domaine sont suggérées.
Mots-clés : gestion de crise, risque, communication, PME.
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S’engager au quotidien en ligne/hors ligne : participation sociale et politique des jeunes à l’ère de la « révolution assise »Sandra Rodriguez (UdeM - Université de Montréal)
Cette communication explore la relation complexe entre le développement des outils du Web 2.0 et comment les membres d’une "génération de l’information" s’y appuient dans le cadre de pratiques engagées. Remettant en question les approches du «tout technologique», je propose de repenser la façon dont on conçoit la participation sociale et politique des jeunes dans le contexte médiatique actuel. En m’appuyant sur deux séries d’entretiens qualitatifs menées auprès de 137 jeunes adultes (20-35 ans) entre 2009 et 2012, je dégage de l’observation de leurs modes d’engagement variés (très technophiles, peu technophiles, modes de participation formels, cybermilitants, ou pas engagés du tout) certaines tendances dans leurs représentations et attitudes politiques, qui évoquent une perception des limites qu’ils perçoivent à leur participation et qui les pousse à recourir à des pratiques d’affichage, d’échange et de relais, sur des "réseaux d’interprétation" multiples, pour produire au quotidien des changements dans les modes d’agir, de percevoir et de penser. Au delà des préjugés optimistes ou pessimistes émis au sujet de leur participation à une "révolution 2.0" ou au contraire, au paradoxe de la "révolution assise" (slactivisme), j’estime que le sens que ces jeunes donnent à l’engagement appelle une transformation des cadres et des modèles théoriques par lesquels analyser les codes symboliques propres à une nouvelle culture de l’engagement et de l’ "agir" en société.
Appropriation d'Internet pour des enjeux et des pratiques différenciées
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L’appropriation des technologies de l’information et de la communication dans le processus d’autonomisation des jeunes femmes d’Afrique de l’OuestAnne-Marie Pilote (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Internet, médias sociaux, téléphones intelligents et autres TIC prennent de plus en plus d’importance en Afrique. Dans cette mouvance, il apparaît pertinent de se questionner sur la participation des femmes au Web social. Les progrès réalisés dans les domaines des TIC pavent en effet la voie à une plus grande contribution des Africaines, particulièrement pour celles âgées de 18 à 35 ans, aux sphères politiques, économiques et sociales. Toutefois, les femmes ont-elles réellement accès aux TIC ? Comment les utilisent-elles ? Ces technologies favorisent-elles la participation citoyenne et la construction du leadership des Africaines ?
Les recherches s’étant intéressées aux modalités d’appropriation des TIC par les femmes et à la façon dont cela contribue à leur autonomisation étant peu nombreuses en Afrique de l’Ouest, notre projet a consisté à étudier les modalités d’appropriation des TIC de femmes entrepreneures issues de cette région du monde et regroupées au sein de coopératives.
Vingt entretiens semi-dirigés ont été menés à Cotonou au Bénin de juin à août 2013 avec des entrepreneures âgées de 18 à 35 ans œuvrant au sein de coopératives. Les premières analyses révèlent que les Africaines se servent des TIC de multiples façons dans leur processus d’autonomisation, en utilisant par exemple les médias sociaux pour contacter de potentiels clients. L’appropriation de ces outils leur donne des moyens efficaces de transformer une structure sociale traditionnelle qui les désavantage.
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Une appropriation associative d’Internet en milieu environnemental québécoisGhada Touir (UQAM - Université du Québec à Montréal)
Cette communication présente les résultats d’une étude doctorale sur l’appropriation d’Internet, notamment du Web, par des acteurs sociaux de la société civile. S’appuyant sur quatre études de cas d’associations québécoises œuvrant dans le secteur de l’environnement (le Conseil régional de l’environnement de Montréal, ENvironnement JEUnesse, Équiterre et Nature Québec), la recherche interroge, décrit et analyse, dans une perspective critique au sens foucaldien et dans le cadre d’une approche multi-méthodes, le processus d’appropriation d’Internet en milieu associatif. La recherche vient confirmer l’idée selon laquelle l’appropriation des technologies numériques dépend moins des potentialités techniques « intrinsèques » de l’Internet et du Web que du sens et des « significations d’usage » qu’y construisent les usagers. En ce sens, l’appropriation de la technologie Web par les associations environnementales procède d’un processus de construction négociée des usages. En l’occurrence, les différences dans les modes d’appropriation du Web par les associations étudiées varient en fonction de la mission de l’association, des rapports sociaux de travail (liés principalement aux structures hiérarchiques, rapports de pouvoir et mode de gestion) et de leur capital social en tant qu’ensemble des relations en réseau « porteuses de ressources ». Ces dimensions sont considérées comme des indicateurs d’appropriation des technologies numériques par les groupes associatifs en environnement.
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Le dispositif de la relation d’aide à distance dans le domaine du VIH : enjeux, pratiques et légitimitésAlice DESCLAUX, Ndeye Fatou NGOM, Alassane Sow (UCAD - Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
Introduction: Le questionnement qui a motivé cette recherche provient de ce constat : en 2004, le Centre de Traitement Ambulatoire de CHNU de Fann/Dakar a mis en place une ligne téléphonique verte (CTA Info Sida) pour faire de la relation d’aide à distance dans le domaine du VIH et des hépatites. Cependant, les intervenants chargés de répondre aux questions des appelants sont des personnes vivant avec le VIH (pvVIH). Ceci nous a conduits à nous interroger sur les enjeux, les pratiques et les légitimités de l’intervention de pvVIH dans un contexte d’information de santé à grand public.
Méthodes: Dans une approche qualitative, nous avons mené 13 entretiens semi-directifs avec tous les écoutants avec un guide et une grille d’entretien au CTA.
Résultats: Les résultats montrent que les enjeux se situent autour de la professionnalisation du dispositif. Les pratiques s’éloignent du cadre dans lequel s’inscrit la ligne. Au-delà du VIH et des hépatites virales, d’autres domaines tels que la santé sexuelle et reproductive sont pris en charge par les intervenants pvVIH créant des situations d’incompétences. Leurs légitimités reposent sur : 1/ leur expertise profane ; 2/ la formation initiale et continue ; 3/ l’appartenance dans des associations de pvVIH et dans des structures de prise en charge du VIH.
Conclusion: L’enquête montre une pluralité de légitimité, une pratique en adéquation avec leur quotidien professionnel. D’autres points seront présentés lors de la communication.
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L’émotion dans les forums de santé : structuration et évaluation de l’informationCéline Battaïa (Université Stendhal Grenoble 3)
L’objectif de cette contribution est de présenter une thèse réalisée au Gresec (Grenoble 3) sur les activités informationnelles des malades et leurs proches dans les forums de santé. Selon les études précédentes, leur motivation est informationnelle et émotionnelle. Nous avons voulu prolonger la réflexion et étudier la part d’émotion présente dans ces dispositifs.
La problématique est liée à la structuration de l’émotion et au rôle qu’elle joue dans la validation des informations véhiculées. Une analyse de corpus (41 fils de discussions, 501783 occurrences) et une série d’entretiens/expérimentations sur l’utilisation des forums de santé et l’évaluation des informations ont été mobilisés.
Si certains résultats confirment ceux trouvés par les études précédentes (les témoignages sont majoritairement présents, l'expression du besoin d'information n'est pas la raison pour laquelle les individus participent car les questions représentent seulement 29% des interventions), d'autres sont nouveaux et parfois surprenants : par exemple, la joie est l'émotion majoritairement présente dans les forums consacrés aux maladies rares, graves ou chroniques, l'information médicale, objective est le troisième type d'information le plus véhiculé alors que les individus utilisent des forums de santé pour le côté « expérience personnelle, subjective ». Au cours de cette communication, nous voulons mettre l'accent sur les résultats obtenus et sur l'importance de l'émotion dans les forums de santé.