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Le 15 juin 1923

Le 15 juin 1923, il y a de l’animation au Cercle universitaire, situé à deux pas du Théâtre Saint-Denis (1900), de l'École Polytechnique (1905), de l'École des Hautes Études Commerciales (1907), de la Bibliothèque Saint-Sulpice (1915) et de l’Université de Montréal (1919). Ce jour-là, on a vu, entre autres, plusieurs médecins, deux ou trois professeurs de chimie, un recteur-monseigneur et un frère-chercheur franchir la porte du 191 de la rue Saint-Hubert. En fait, tous ceux qui comptent dans le milieu scientifique montréalais semblent avoir été conviés à ce déjeuner-causerie. Ce jour-là, l'Association canadienne-française pour l’avancement des sciences est créée par la fédération de onze sociétés savantes : biologie, médecine, physique, génie, chimie, histoire naturelle, mathématique, astronomie, histoire, économie politique et philosophie. L’Association tisse des liens avec les villes d’Ottawa et de Moncton dans les années qui suivent. Déjà en 1936, elle regroupe 28 sociétés réparties géographiquement d’Ottawa jusqu’en Acadie. À cette époque, même si l’Association n’a pas encore de secrétariat permanent, elle est reconnue par l’UNESCO, et elle est notamment impliquée auprès du Conseil des arts du Canada et du ministère des Affaires extérieures. 

Pour l'avancement des sciences : histoire de l'Acfas 1923-1993

En 1994, Yves Gingras , historien et sociologue des sciences, publie aux Édtions Boréal une monographie relatant l'histoire de l'Association. Voici quelques extraits de l'introduction de Pour l'avancement des sciences : histoire de l'Acfas 1923-1993 :

[...]

La situation économique du Québec après la Première Guerre mondiale a donné l'impulsion à ce qu'il faut bien appeler la « modernisation » des institutions québécoises et francophones d'enseignement scientifique supérieur. Sur le plan de l'émergence de la recherche scientifique organisée, les réalisations qui caractérisent l'entre-deux-guerres sont celles d’une génération d'hommes clairvoyants qui ont consacré leur vie à promouvoir la culture et les professions scientifiques au Canada français, parce qu'ils considéraient que la science était alors laissée-pour-compte dans la formation classique et la culture de leur temps.

Parmi les nombreux moyens mis en oeuvre pour transformer les institutions et les mentalités, il en est un qui a joué un rôIe central dans le processus de formation d'une communauté scientifique francophone au Québec : l'Association canadienne-française pour l'avancement des sciences (Acfas).

En consacrant le présent volume à l'histoire de cette association fondée en 1923, nous voulons mettre en évidence tout le travail entrepris par une génération de pionniers – Léo Pariseau, Marie-Victorin et Jacques Rousseau – et poursuivi par leurs disciples et successeurs pour former des chercheurs et créer les conditions institutionnelles et sociales propices au développement de la recherche.

Retracer l'histoire de l'Acfas, c'est en quelque sorte faire la biographie d’une institution et rappeler le rôle qu'elle a joué dans l'histoire du Québec moderne. Bien sûr, toute institution est composée d'individus, mais elle les transcende également en ce sens que, avec le temps, les individus passent alors que l'institution demeure. Œuvrer au sein d'un organisme, c'est donc accepter, jusqu'à un certain point, de travailler dans l'ombre pour mieux promouvoir une idée, un projet.

Si aujourd'hui l'Acfas est surtout connue grâce à son congrès annuel, il fut un temps où cette activité n'existait pas et où les sciences n'occupaient pas la place qu'elles occupent actuellement dans la culture et dans le système d'éducation québécois. Comme nous l'avons montré ailleurs pour le cas canadien, la recherche scientifique ne peut se faire de façon continue sans des étudiants et des étudiantes, de l'argent, des locaux adéquats et du temps. Et la diffusion des résultats de la recherche suppose l'existence de revues savantes. Pour récompenser les efforts les plus méritoires et présenter des modèles à suivre, il faut des prix et des médailles. Toutes ces ressources sont nécessaires à l'existence d'une communauté scientifique et ne s'obtiennent pas sur demande. II faut du temps pour les créer, et il faut également des porte-paroles capables de convaincre les autorités politiques et le public de l'importance de la recherche scientifique.

L'Acfas, l'éveil de toutes les sciences

Le Service des archives et de gestion des documents de l'Université du Québec à Montréal, détenteur des archives de l'Acfas, présente une exposition virtuelle sur l'histoire de l'Acfas.